Source : PLM n° 264

C’est à Plesder, petite commune d’Ile-et-Villaine toute proche d’Evran des Champs-Géraux, qu’est né le premier comice agricole, en 1815. A vrai dire, il ne s’agit alors que d’une modeste manifestation regroupant quelques dizaines de participants. Pour la majorité d’entre eux, des fermiers de Louis de Lorgenil.

Buste de Louis de Lorgeril. Musée de Bretagne: 2016.0000.1867

Ce dernier, né en 1778 au château de la Motte Beaumanoir à Plesder, appartient à une importante famille de la noblesse bretonne. Très tôt, il se passionne pour l’agriculture. Il se forme au cours de voyages qui l’emmèneront successivement en Angleterre, Italie et Suisse. Et à son retour, il entreprend de faire profiter ses fermiers et ses voisins de l’expérience acquise. On ignore comment lui vint l’idée de cette manifestation au curieux nom de comice, emprunté aux institutions romaines et révolutionnaires.
On peut logiquement penser que l’expérience de 1815 servit de modèle au premier comice officiel, celui de Plesder, lancé fin 1821 par une vingtaine de propriétaires et d’agriculteurs locaux. Leur objectif est alors clairement formulé :


« S’occuper exclusivement de l’amélioration de l’économie rurale. »

En 1821, 78 bêtes participent au concours. L’initiateur des comices encourage les participants en distribuant des récompenses : « un chapeau à celui qui aura le mieux cultivé la pomme de terre, un mouchoir pour les trois premières génisses en beauté, un mouchoir pour le plus beau veau de l’année… ».
A la fin de la fête, il fait même décoller une montgolfière, devant deux mille spectateurs médusés.

Les membres du comice décident, par ailleurs, d’acheter un beau taureau en Normandie pour améliorer leur bétail. Ce taureau sera confié à l’un d’entre eux, « à charge pour lui de bien le soigner et de le livrer au service du public pendant trois ans ».

Premières coopératives

Les comices prennent peu à peu leur place. Louis de Lorgeril en profite pour faire connaître la charrue de Dombasle et le pressoir Révillon. Et aussi pour introduire de nouvelles cultures. Tantôt c’est le succès avec le ray-grass d’Italie, la betterave, le colza, le trèfle incarnat, l’orge et la pomme de terre. Tantôt (mais assez rarement) c’est l’échec, par exemple avec le riz et le topinambour.

L’une de ses plus belles réussites reste la vulgarisation de l’amendement du sol avec du sablon calcaire. Louis de Lorgeril mettra même au point un semoir pour l’épandage de ce sablon. Quant aux nécessités de l’acheminement du produit, elles obligeront à construire des routes, ce qui, plus généralement, favorisera les échanges et l’essor de toute la région. Enfin, en se regroupant pour l’achat de « chaux », les agriculteurs lanceront les bases des premières coopératives agricoles.

Outre son activité agricole, Louis de Lorgeril fut maire de Rennes de 1821 à 1830 et député de 1828 à 1842. Il repose au cimetière de Plesder. Un monument lui est consacré en bordure de la route qui va de Rennes à Saint-Malo.

Rédigé par

Jérome Lasne

Imprimeur depuis 1981 et adore les livres...