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©Coll. Sébault-Gagnières

Herbert II dit Gillon a fait ajouter en 1086 un corps de logis à la tour dont il a été parlé ; et depuis lors le bourg a été appelé La Chapelle-d’Angillon (Capella domini gilonis); Il a eu pour femme Eldeburge sœur d’Étienne, vicomte de Bourges, et son héritière par indivis avec Arpin neveu d’Étienne.

Gillon, mort sans enfants mâles, a fini la 1re maison de Sully, et sa ville Mehaut qui avait épousé Arpin étant morte sans enfants, Agnès sa cadette a réuni les biens des maisons de Sully et d’Étienne, comte de Bourges.

Agnès de Sully a épousé le fils aîné du comte de Champagne et de Sancerre, aux conditions qu’il prendrait le nom et les armes de Sully, cédant son droit d’aînesse à son frère Thibaud, depuis surnommé le Grand.

Au cher de la 2e maison de Sully a succédé Eudes Gillon II qui a eu de sa femme Mehaut de Beaugency, Gillon III, sire de Sully, La Chapelle, les Aix-d’Angillon ; et Eudes, Évêque de Paris, connu pour avoir, en 1220, substitué la fête de la Circoncision à celle des fous.
Gillon III qui, par traité conclu avec Philippe-Auguste, a réuni à La Chapelle les fiefs d’Ennordre et autres, qui dépendaient de Concressault, a eu pour femme Luce de Charenton, et pour fils et héritier Archambaud qui a affranchi les vassaux de plusieurs droits onéreux et a accordé de grands privilèges à l’abbaye de Lauroy où étaient des tombeaux des Sully avec cette épitaphe :

Noscat qui nescit, de Soliaco requiescit
Hoc in sarcophago procerum generosa propago.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5627317g/f250.item

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Henry, fils aîné d’Archambaud, a épousé en 1218 la fille d’Hervé II, seigneur de Dampierre et de Mahaut de Bourbon. Louis VII l’a employé dans l’administration de son Royaume et il a signé la croisade contre les Albigeois.
Henry II, son fils unique, a possédé les terres de Sully, La Chapelle, les Aix, Argent, Boisbelle, Epineuil, Orval, et a eu de longs démêlés avec Louis 1er, comte de Sancerre, qui lui refusait foi et hommage, pour Meillant et Charenton, qui relevaient d’Orval, parce que disait-il les Sully étaient depuis longtemps ses vassaux à cause de leur terre de La Chapelle. Henry a eu de sa femme Perennelle de Joigny, Jean de Sully, qui est mort sans enfants et a eu pour héritier son frère cadet Henry III.
Henry IV fils et successeur de Henry III a été grand bouteiller de France, Capitaine de la grosse tour de Bourges et gouverneur du Royaume de Navarre, il a eu de Jeanne de Vendôme 4 filles et un fils nommé Philippe qui a épousé en 1320 Marguerite de Bourbon.
Louis, fils unique de Philippe et de Marguerite, a possédé La Chapelle, les Aix, Argent, Clemont, Boisbelle, il a eu pour femme Isabeau de Craon et, en Marie sa fille unique, a fini la 2e maison de Sully.
Marie de Sully qui a réuni les biens des maisons de Sully et de Craon, a épousé {non = fiancée} en 1res noces Charles de Berri fils de France.
En secondes noces Gay de la Trémouille connétable dont elle a eu 3 enfants, et en 3e noces le Connétable Charles d’Albret, comte de Dreux,qui a obtenu de son cousin Charles VI la permission, d’écarteler ses armes de celles de France. Elle a fait ajouter une aile au château de La Chapelle.

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Le Connétable d’Albret, qui a été tué en 1415 à la bataille d’ Azincourt, a laissé deux fils qui ont partagé avec la maison de la Trémouille les biens de celles de Sully et de Craon ; les seigneurs de la Trémouille ont eu Sully, Guises et Craon, et à ceux d’Albret sont échues les terres de La Chapelle, les Aix, Argent, Clemont, Boisbelles, Orval, Montrond et Bruère.
Toutes ces seigneuries ayant été conservées dans ces deux maisons jusqu’à la fin du XVIe siècle, Maximilien de Béthune (a), marquis de Rosny, chef de la 3e maison de Sully (1), a acheté de Claude de la Trémoille les Baronnies de Sully, Moulin, Gron et St Gondon ; en 1605, il acquis de Charles de Gonzague, prince de Gonzague, prince de Mantoue, la baronnie de La Chapelle d’Angillon et l’année suivante toutes les terres ont été érigées en duché-pairie sous le nom de duché de Sully.
Enfin, la branche de Béthune qui possédait les terres qui avaient formé le duché de Sully, s’étant éteinte il y a 4 ans (1808), M. Dumont, conservateur du 8e arrondissement des Eaux et forêts, a acheté des héritiers la terre de La Chapelle-d’Angillon (2).


Il me reste à parler du château

L’on a vu que lorsque Saint-Jacques, vint s’établir à Saxeau, il y trouva, entre des ruines, une tour qui appartenait au comte de Sancerre, Herbert II, dit Gillon, en 1086 ; ???

Jacques, âgé de 74 ans, s’éteindra doucement le 19 novembre 865. ???

Marie d’Albret née Sully au commencement du XVe siècle et Maximilien de Béthune au commencement du XVIIe y ont fait des additions importantes ; cette réunion de bâtiments forme un carré parfait qui renferme une grande cour.

©Coll. Laurent Gilet – 1918

L’aile qui regarde le levant est flanquée de deux tours ; celle de droite qu’on appelle tour de Béthune est carrée, élevée de plus de cent pieds et ses murs en ont dix d’épaisseur, elle a été construite par Maximilien sur les fondements de celle qui (3) existait du temps de St Jacques, la tour de gauche, dite l’ Grand Sully est ronde et le corps de logis qui est entre ces deux tours paraît être de très ancienne construction, mais les armoiries et les chiffres de Marie d’Albret indiquent qu’elle l’a fait réparer. En avant de cette aile est une terrasse de 40 pieds de hauteur qui domine la vallée de la petite Sauldre.
L’aile qui regarde le Midi appuie sa gauche à la tour de Béthune, elle ne présente que des ruines depuis 1781 ; en avant était un vaste jardin.
L’aile qui regarde le C… a été construite par Marie d’Albret ; l’on voyait la révolution, l’appartement qu’a occupé Saint François de Sales, mais il n’en reste aujourd’hui sur pied qu’une belle colonnade qui soutient les remises, elle fait face à une forêt de 230 arpents que le grand Sully avait fait entourer de murs.
L’aile qui fait face au Nord, a été construite ou plutôt restaurée par le grand Sully, elle est ainsi que les autres ailes, appuyée à deux tours, et les deux autres tours flanquent la porte d’entrée qui conduit au bourg, dont le château n’est séparé que par une avant-cour, dans laquelle sont de vastes écuries qui n’ont pas été achevées.
Les combles des tours et de plusieurs parties de ce beau château, que la mère {tante} de Henry IV a habité où le grand Sully venait se délasser de ses travaux, ont été renversés pendant la Révolution et ils paraissaient menacés d’une ruine totale lorsque M. Dumont en a fait l’acquisition mais il s’occupe à restaurer l’aile qui fait face à la Sauldre, dont la tour de Béthune fait partie ; il se propose encore de couvrir les remises ainsi que l’aile dans laquelle est la porte d’entrée, et de faire déblayer les ruines de celle qui fait face au Midi.
Puisse-t-il exécuter ce projet et conserver à la postérité (4) un monument qui rappelle de grands souvenirs.


Note (a). Maximilien de Béthune que je ne présente ici que comme le chef de la 3e maison de Sully, n’était cependant pas étranger à la 2e maison de Sully, n’était cependant pas étranger à la 2e maison de ce nom, puisque Jeanne de Sully, fille d’Henry II de Sully avait épousé Adam IV, Vicomte de Melun, trisaïeul d’Anne de Melun femme de Jean de Béthune, aïeul de Maximilien. Cette Anne de Melun, dame de Rogsny, comptait tant du côté paternel que du maternel, dix princes du sang royal de France et tous les souverains de l’Europe, et les Béthune tiraient leur origine par les Coucy, de l’ancienne maison d’Autriche.

(1) En 1605, d’après M. de Kersers, c’est Charles de Gonzague, duc de Nevers qui a vendu La Chapelle à Sully.

(2) En 1651, Louis XIV, allant à Bourges, s’arrêta à La Chapelle.
Les descendants de Sully ont possédé cette terre jusqu’à la Révolution. En 1808, elle fut vendue à M. Dumont de La Charnaye. Elle appartient à présent à M. d’Almont.

(3) Ce donjon a été bâti, paraît-il, par Gillon et c’est à tort qu’on l’a nommé Tour de Béthune.
Le donjon a six étages. Quant au reste du château il appartient à diverses époques.

Les deux tours de l’entrée sont du XIIIe ou du XIVe siècle, avec modifications postérieures.
Dans le reste des bâtiments l’on voit des changements et additions dus à Marie d’Albret.
Enfin l’on ne doit guère au grand ministre Sully que quelques modifications, par exemple de grandes cuisines avec d’énormes cheminées, comme aussi une vaste terrasse.

(4) En ces derniers temps, les propriétaires actuels : MM. d’Almont y ont fait d’importantes réparations.


Titre :  Notices sur les châteaux, abbayes & monuments du département du Cher / par le général Cte de Barral,… ; publiées avec des notes par son petit-fils, M. le Cte Edgard de Barral,… et M. l’abbé Adrien de Barral,…
Auteur  :  Barral, André-Horace-François de (1743-1829). Auteur du texte
Éditeur  :  Delhomme et Briguet (Paris)
Date d’édition :  1898
Contributeur  :  Barral, Adrien de (1816-19..). Éditeur scientifique
Contributeur  :  Barral, Edgard de (Cte). Éditeur scientifique

Notice du catalogue :  http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30058884d

Type :  monographie imprimée
Langue  :  français
Format :  1 vol. (288 p.) ; in-8
Format :  Nombre total de vues : 296
Description :  Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire
Description :  Contient une table des matières
Description :  Avec mode texte
Droits  :  Consultable en ligne

Identifiant :  ark:/12148/bpt6k5627317g

Source  :  Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l’homme, 8-LK4-2361
Conservation numérique :  Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne  :  12/07/2010

Rédigé par

Claudine Douchain

Guide touristique. Présidente d'une association sport & Loisirs. Retraitée