Carnet de route du Lieutenant Henri Le Calloch du 1er mai 1915 au 19 janvier 1918 (version informatisée)

A noter : le manuscrit original a disparu. Il ne subsiste qu’une version dactylographiée par Henri Le Calloch et une seconde version informatisée par son petit-fils Jacques Le Calloch

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De mai 1915 à janvier 1918, le Lieutenant Henri Le Calloch combat notamment sur le front de la Somme comme engagé conditionnel. Ce carnet comprend des descriptions des villes et villages traversés, des monuments et des habitants, ainsi que ses commentaires sur certains chefs militaires.

Ce carnet relate aussi la description de la vie dans les tranchées sous le feu des allemands.

XXV- La Chapelle-d’Angillon (Cher) page 110

C’est que ce pauvre commandant De Broissia exagère tout. Comme me l’avait dit Gabet, c’est un excellent homme, mais… Quelques anecdotes absolument authentiques le dépeindront. Il est logé au château de Béthune appartenant aujourd’hui aux Godfroy. La nuit de son arrivée, comme les rats faisaient quelque bruit, il s’est levé, s’est introduit, dans la chambre de Mme Godfroy qui était couchée, sans frapper ; interpellée dans l’obscurité :
–  Qui est là ?
–  C’est moi, le commandant, je ne puis dormir, on déménage au-dessus de ma tête…
–  Vous n’y pensez pas, Monsieur, voulez-vous sortir !
Après une semblable entrée en matière, les relations pouvaient être tendues. Le commandant se plaignait de ce que Mme Godfroy répondait à ses saluts par une sèche inclination de la tête et l’appelait :
–  Cette horrible femme !
Il est vrai qu’elle s’amusait à lui dire que son cheval, qu’il soignait particulièrement, était trop maigre et qu’elle préférait le mien.

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Puis, encore, les Godfroy à qui le commandant ne pardonnait pas de m’avoir montré leurs collections et de m’avoir procuré des invitations aux chasses en forêt. Et ces chasses rapportaient cependant tant à notre table qu’aux hommes des sangliers. Ces pauvres Godfroy chargés de tous les péchés d’Israël étaient cependant bien aimables ; Madame, née d’Almont, peu versée en matière artistique, avait fait décorer des portraits de famille authentiques Louis XV de la croix de la Légion d’Honneur. Leur jeune Pierre, qui seul de la famille était compris du commandant, me servait d’apprenti photographe.

Mme d’Almont, la cousine, dont il était parfois dangereux de conduire la charrette anglaise, surtout quand on avait la sienne chargeant derrière, en forêt.

Recensement 1911, 6M 0195

Rédigé par

Emmanuelle Toudert

École du Louvre. Guide touristique.
Licence des métiers de l'édition et des ressources documentaires.
Master Art-thérapeute.
Baptisée à La Chapelle-d'Angillon, le village de mes racines, en toute humilité je fais un retour à ma terre. "Humilité" = humus, terre.