(ou le souvenir permanent de Byzance)
Le secret des premiers capétiens par Marie-Madeleine Martin. Page 129.
L’intérêt des débuts de cette vie de Jacques est de nous rappeler un fait majeur de l’histoire médiévale : le contre-coup de la Querelle des Iconoclastes sur la pensée et les Arts de l’Occident. Le empereurs iconoclastes de 727 à 842, avaient ordonné la destruction de toutes les statues, fresques, mosaïques dans leur empire, mais ils trouvèrent devant eux la résistances des Moines. Ceux-ci avaient organisé leur protestation au monastère de Stoudion à Constantinople, mais plusieurs d’entre eux choisirent l’exil, quand la résistance ne fut plus possible. Partout où ils restaient, mais aussi partout où ils allaient s’exiler, ils conserveront la théologie traditionnelle de l’Eglise d’Orient, fidèle aux images, et ils enseigneront à tout l’Occident (ainsi qu’à la Russie plus tard), la construction des solennelles églises, avec leurs ors et leurs mosaïques : l’art des temples du sud de l’Italie, de la Sicile, des bords du Rhin : l’art des chapelles d’Aix ou de Germigny-des-Près, la splendeur qui rayonnera aussi bien dans le Pantocrator de Constantinople que dans St Marc de Venise un jour. (St Marc de Venise est la copie exacte de l’église des Saints Apôtres, bâtie au 5e siècle à Byzance…).
C’est un grand trait d’union entre l’Orient et l’Occident, que nos moines vont inscrire dans la trame des siècles, un trait d’union qui évoque celui que Constantin ou Dioclétien avaient déjà dessiné (le palais bâti par Dioclétien, à Sapalato, sur la côte Dalmate, au début du 4e siècle, évoquait déjà l’alliance de l’art classique et la décoration orientale).
Certains historiens voudraient qu’on appelât l’art byzantin tout entier, l’art chrétien d’Orient.. et c’est juste, puisque c’est l’Eglise qui a donné une forme au rêve de Constantin.
L’épopée de Jacques de Saxeau s’inscrit donc dans un contexte historique, d’une importance capitale. Et revenons à son histoire…