Arrivée en Gaule
Le secret des premiers capétiens par Marie-Madeleine Martin. Page 130.
C’est le saint évêque de Clermont, en Auvergne, qui l’accueille et l’ordonnera prêtre ; tandis que tous les seigneurs des environs lui offrent l’hospitalité, et cherchent à le retenir près d’eux. N’oublions jamais le succès prestigieux des ermites à l’époque mérovingienne, et qui se prolongeaient dans les règnes suivants. (L’ermite, le saint c’était encore une sorte de héros, comme ceux dont le paganisme avait fait ses demi-dieux ; et Grégoire de Tours nous dit bien que « C’est par le culte des saints que la Celtique a été amenée au Christ »).
Les seigneurs, nouveaux convertis de ce temps, voulaient tous avoir un oratoire dans leur demeure, un oratoire pourvu de reliques des saints ; mais quelle aubaine, d’avoir pour administrer cet oratoire, un saint vivant ! Imaginons donc le succès, dans une telle époque, de ce grand personnage (d’une cour impériale restée prestigieuse dans le souvenir de tous), et qui était en même temps un ermite et un saint ! Renommée humaine, rayonnement spirituel, Jacques avait tout ; et le prestige de l’Eglise et des hommes d’Eglise en Gaule, comme au temps des Druides, devenait absolu sur l’ensemble de la société.
Pourquoi Jacques a-t-il repoussé toutes les offres de l’Auvergne, pour venir plus au Nord ? Personne ne nous a donné d’explication satisfaisante, les hagiographes insistant seulement sur son désir de solitude (mais il eût bien trouvé la solitude, partout…)