François Barberousse un écrivain solognot, un temps oublié

17 août 2018

Au printemps 2012, les éditions CPE éditaient un recueil de nouvelles rustiques « Epis de Glanes » qui nous dévoilent des visages oubliés de la Sologne comme l’arrivée des Prussiens à Pierrefitte ou les meneux de loups. Ce livre avait été écrit dans les années 1930 par François Barberousse. Cet auteur, que les solognots ont oublié, est né en 1900 à Brinon-sur-Sauldre. Cet écrivain français fut un des auteurs phares de la collection NRF de Gallimard de 1935 à 1938. On lui promettait un brillant avenir. Contre toute attente, ce héros de la Résistance décida irrémédiablement de renoncer à l’écriture. Son troisième roman vient de sortir de l’oubli, publié 73 ans après son écriture.

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L’intrigue nous parle de la guerre 1914-1918 qui décime un village entre Sologne et Berry. Le village de Sommerère, ne le cherchez pas sur la carte, il est quelque part entre Pierrefite et Brinon dans l’imagination de l’auteur ; en écrivant son livre 20 ans après les événements, Barberousse ne pouvait pas planter l’action dans un village réel où les souvenirs de la grande guerre étaient encore vivaces, d’autant plus qu’il s’est probablement inspiré de personnages qui ont vécu dans les villages solognots. Des jeunes gens meurent en pleine force de l’âge, des amis, des copains ne sont plus que des croix alignées au cimetière ou de simples noms sur la stèle du monument aux Morts.

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« L’âge d’or » des campagnes françaises (ainsi a-t-on pu nommer la période des années 1880-1900) a bien disparu. Bien qu’éloignée du front, la Sologne et sa ruralité profonde ne sont donc pas à l’abri des changements. Et tout l’art de ce roman est de savoir les peindre avec force et avec tact. Les villes vivent aussi cela. Mais elles bénéficient d’un dynamisme qui masque les mutations sociales et l’émergence de nouvelles mentalités sous les traits d’une modernité qui peut paraître attrayante. Il n’en va pas de même pour les campagnes qui, dès lors, peuvent apparaître comme les grandes perdantes de la guerre.

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Fils d’un paysan aisé, François Barberousse est né à Brinon-sur-Sauldre en 1900. Nourri de littérature dès son plus jeune âge, il publie « l’homme sec » (1935) et « Les jours aux volets clos » (1936) aux éditions Gallimard, deux ouvrages qui rencontrent le succès et font comparer leur auteur à Céline. Ces romans, d’une écriture sans concession, témoignent de la vie rude et de la violence des rapports sociaux dans le monde rural de l’époque. Comme le dit Gérard Boutet dans l’avant-propos « Epis de glane », le recueil de nouvelles publié au printemps 2012 chez CPE :

« La scolarité du garçonnet passa par la communale de La Chapelle-d’Angillon, dont l’institutrice était Madame Fournier, la mère de l’auteur du Grand-Meaulnes. Il est tentant d’imaginer François Barberousse, usant ses culottes courtes sur les bancs d’une classe où, douze ans plus tôt, le fils de la maîtresse, Henri Alban, avait usé les siennes. A tout le moins, on relèvera là une troublante coïncidence. L’enseignement de l’école républicaine a éveillé beaucoup de conscience, le fait est indéniable.
Toutefois, cela ne faut jamais suffisant pour décider de la vocation d’un écrivain. La principale raison qui lia François Barberousse à l’écriture résulta vraisemblablement de l’intérêt que son père, figure originale, réservait au bonheur de lire. Maître Justin Barberousse, en effet, s’était porté acquéreur de plusieurs « bibliothèques bourgeoises », au gré des successions en déshérence. A la veillée, la maisonnée se rassemblait autour de la lampe à pétrole pour partager, quasi religieusement, la lecture que le patriarche imposait à tous. Le jeune François retira, de ces soirées livresques, un bénéfice considérable, Doté d’une mémoire peu commune, il put ainsi élaborer, selon le témoignage de son petit-fils Pierre Paliard, une « culture buissonnière, faite de passion et de curiosité ». Dans ces ouvrages, François Barberousse brosse un tableau réaliste de cette société terrienne dont il était issu.


Epis de glane – Grand Format

  • Date de parution 20/04/2012
  • Editeur CPE
  • Collection Les histoires du coin du feu
  • ISBN 978-2-36572-002-1
  • EAN 9782365720021
  • Format Grand Format
  • Présentation Broché
  • Poids 0.29 Kg
  • Dimensions 14,0 cm × 22,5 cm × 1,8 cm

Né le 31 mars 1900 à Brinon-sur-Sauldre, fils d’un paysan aisé, Étienne Alexandre Barberousse (dit François Barberousse) est mort en 1979 à Cahuzac dans le Lot-et-Garonne. Il a accompli une carrière militaire et s’est distingué dans les rangs de la Résistance.

Il fut un des auteurs phares de la collection NRF de Gallimard de 1935 à 1938. On lui promettait un brillant avenir. Contre toute attente, ce décida irrémédiablement de renoncer à l’écriture.
Officier jusqu’en 1946, et héros de la Résistance, il devient cadre dans une entreprise industrielle dans les Trente glorieuses.

Rédigé par

Maurice Cauchie

Né en à Saint-Mandé en 1951, je vis depuis quelques années dans ma maison de la Chapelle d'Angillon, aux abords de la Sologne, non loin de la Petite Sauldre.
Après avoir signé un premier roman d'aventure fantastique en 2017, Un lutin dans la ville, je publie en 2018, Terrorismes de l'avenir, un roman d'anticipation sur les dérives du Pouvoir et de la science, le contrôle des populations et la peur de vivre.
Début 2019, j'inaugure mon troisième roman avec l'Etrange affaire Willemsson, le tome 1 d'une trilogie de polars sur les enquêtes du commissaire Nils.
Entretemps, avec Chroniques d'un amour en désuétude, je décide d'évoquer la difficulté d'aimer et d'être aimé, un projet de vie difficile à mener à deux jusqu'à son terme à l'ère moderne.
En septembre 2020, je publie le tome 2 des enquêtes du commissaire Nils, La douloureuse du tueur qui retrace l'histoire d'une vengeance entre deux clans depuis le 16è siècle à Aubigny-sur-Nère au pays des écossais dans le triangle des sorcières.
Bientôt vont sortir, en 2023, d'abord un roman basé sur l'histoire d'un chien-loup qui se passe à la Chapelle puis le tome 3 des enquêtes du commissaire Nils, Le Templier vert, qui se déroule dans le Cher.