L’almanach du Berrichon 2001 page 98

Texte de Janine Berducat

Les touristes, en visite en Berry, emportent souvent en souvenir, le célèbre mazagran berrichon fabriqué dans la tradition de la porcelaine du Berry. Bien peu connaît l’origine de ce récipient devenu très populaire.

En 1840, lors de la conquête de l’Algérie, des soldats français partirent combattre sur ces terres africaines. Un groupe de soldats dut soutenir un siège contre le chef arabe Abd el-Kader dans la petite ville de Mazagran à l’ouest d’Alger. 123 hommes, dont une bonne partie de Berrichons, résista avec courage, se soutenant le moral en buvant du café arrosé d’eau de vie dans une sorte de timbale en terre cuite.

Lorsqu’enfin le siège fut levé, le chef de la ville de Mazagran, en signe de reconnaissance et d’amitié pour leur courage, leur offrit le traditionnel thé à la menthe, toujours dans cette haute tasse, légèrement conique, en argent pur, typique de cette région.

Parmi les militaires invités, se trouvait un officier originaire de Mehun-sur-Yèvre dans le Cher, qui ramena un de ces récipients, en souvenir de sa campagne. Quelques années plus tard, il eut l’idée de proposer le modèle à la fabrique de porcelaine de sa ville. Charles Pillivuyt, porcelainier à Mehun fut aussitôt séduit et se mit à réaliser de hautes tasses en porcelaine destinées à boire le café. Il les baptisa « Mazagran » du nom de leur ville algérienne d’origine.

Très vite, le mazagran connut un grand succès car il conservait la boisson chaude longtemps à bonne température et était facile à tenir dans la main. Jusqu’au début du XXe siècle, toutes les familles en possédaient. Puis il tomba un peu dans l’oubli au profit de la tasse classique plus à la mode dans le design des services de table de l’époque.

Puis, dans les années 1950, les porcelainiers berrichons eurent l’idée de le fabriquer à nouveau comme objet traditionnel de la région. On le trouve décoré décoré de paysannes en costumes traditionnels, d’inscriptions souvenir nommant la ville où il est vendu. Cependant, le mazagran connut un grand succès et il fut copié dans le monde entier, perdant un peu de sa particularité berrichonne. Mais, bien sûr, les plus beaux sont fabriqués à Mehun-sur-Yèvre !

Expositions – Le Mazagran : une production berrichonne

Le Berry républicain : Le mazagran, ce récipient étrange venu d’un autre temps

de Kersers, L. B. (1888). Histoire et statistique monumentale du département du Cher, 8 vol., Bourges, 1898, t. III. F. Borgès, Saint-Jacques de Saxeau, Bourges, 1-12.

Mazagran de Alain André potier à la Borne

Alain André, potier à La Borne (Cher) 

Rédigé par

Emmanuelle Toudert

École du Louvre. Guide touristique.
Licence des métiers de l'édition et des ressources documentaires.
Master Art-thérapeute.
Baptisée à La Chapelle-d'Angillon, le village de mes racines, en toute humilité je fais un retour à ma terre. "Humilité" = humus, terre.