Boyau
N° 125
Les Bordes
Loiret. à Monsieur le Maire de La Chapelle-d’Angillon
Monsieur le Maire.
Dans son numéro du 2 novembre 1946 le journal « La Voix du Sancerrois » publie un article citant les personnes récompensées pour leur conduite lors des bombardements du 18 juin 1940 et de l’arrivée des allemands.
Récompenses pour actes de courage et de dévouement – la Voix du sancerrois 2/11/1946
Habitant au passage à niveau n° 136 près de la gare de La Chapelle-d’Angillon, j’ai assuré, de jour comme de nuit le gardiennage des barrières de cette route si fréquentée durant la débâcle.
La circulation ferroviaire était aussi intense que la circulation routière. Au passage des trains, je ravitaillais en vois tous les réfugiés ; de même, les personnes empruntant la route pouvaient venir se désaltérer. J’ai également logé et nourrie plusieurs d’entre-eux qui, en signe de remerciements n’ont pas manqué de me piller. Puis vînt le bombardement. J’eus la chance de ne pas être blessée même sinistrée. Plusieurs personnes blessées qui me sont inconnues, fuyant le champ de foire, sont venues chez moi, afin de laver leurs plaies. Tout le monde avait quitté le quartier. Je restais seule à mon poste
avec le chef de gare de La Chapelle, mon mari était rep… par la S.N.C.F.
J’ai donc assuré le gardiennage de mon P.N. pendant les moments les plus durs, restant plusieurs nuits sans repas. Ensuite, en décembre 1941, je fus mutée aux Bordes. En 1944, j’ai subi plusieurs bombardements et mitraillages où j’ai été blessée.
J’estime avoir fait preuve de courage et de dévouement, c’est pourquoi, Monsieur le Maire, je suis étonnée de ne pas avoir été citée.
En vous demandant de vouloir bien transmettre ma requête à Monsieur le Préfet du Cher, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de ma parfaite considération.
F Boyau