« Les sonneurs perpétuent ainsi une pratique vieille de plusieurs siècles, issue de la vénerie, et qui a obtenu fin 2020 son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco. »

Le Berry Républicain – Les Trompes du Pays-Fort, qui perpétuent l’art de sonner, seront en concert ce vendredi soir à l’église de Jars

À l’instar de nombre d’instruments de musique, les trompes de chasse demandent pas mal de travail de la part de leurs utilisateurs. « Il faut que les lèvres soient musclées, précise Laurent Bailly, et il est nécessaire de faire travailler les zygomatiques. Ceux qui veulent essayer sont les bienvenus ! »

Un moment suspendu dans le temps… La trompe de chasse, avec sa voix brute et majestueuse, révéle toute sa richesse émotionnelle. Tantôt puissants, tantôt doux, les

nous font vivre un voyage sonore inoubliable !


L’art des sonneurs de trompe

Par le terme de trompe, on identifie un cor naturel, circulaire, né et diffusé auprès des cours d’Europe dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Traditionnellement, on considère son apparition en France dès 1680, la trompe étant utilisée pour les chasses royales de Louis XIV. L’art des sonneurs de trompe a évolué au fil du temps, s’affranchissant sensiblement de la vénerie et développant un style de jeu sans équivalent dans le monde musical. La trompe est un cor naturel au timbre cuivré spécifique, créé à l’origine pour accompagner les chasses royales de Louis XIV.
Présente aujourd’hui dans toute la France, ainsi que dans quelques autres pays, cette tradition musicale possède un répertoire spécifique important, qui n’a jamais cessé de s’enrichir depuis le XVIIIe siècle. La majorité des sonneurs est regroupée au sein de la Fédération Internationale des Trompes de France.

Fiche d’inventaire du patrimoine culturelle immatériel

https://www.culture.gouv.fr/Media/Thematiques/Patrimoine-culturel-immateriel/Files/Fiches-inventaire-du-PCI/L-art-des-sonneurs-de-trompe

Les instrumentistes s’appellent entre eux « sonneurs de trompe » : on ne « joue » pas de la trompe, on « sonne » de la trompe.
L’instrument est généralement appelé « trompe » ou « trompe de chasse ». Bien que l’appellation « cor de chasse » soit aussi en usage dans le grand public, les sonneurs de trompe considèrent en France que le terme de « cor » est impropre. En effet, dans les traités de vénerie français des XVIe et XVIIe siècles, quand le cor circulaire n’existait pas encore, on mentionnait déjà la trompe pour identifier un véritable cor en cuivre, non enroulé [Jacques Du Fouilloux, Vénerie, 1561, dédicace au roi Charles IX, et Robert de Salnove, La Vénerie royale, 1665, avec dédicace au roi Louis XIV].
Salnove écrit en 1665 : « Cor, c’est la trompe des chasseurs » ou « Corner, c’est sonner du cor » [Robert de Salnove, Dictionnaire des chasseurs, 1665, p. 10]. Plus tard, aux XVIIe et XVIIIe siècles, il n’est pas rare de trouver dans
les partitions les dénominations de trompe ou de cor de chasse, sans règles univoques. Les sonneurs nomment leur instrument « trompe de France » ou « trompe en Ré » et le modèle servant de référence est appelé « trompe d’Orléans ».
Les « fanfares » sont de courtes pièces musicales (du type refrain/couplet/refrain), les œuvres plus élaborées prenant le nom de « morceaux » ou de « fantaisies ». Le terme « sonnerie », plus générique, s’applique à l’ensemble du répertoire.

Avant toute autre chose, un fait soude la communauté des sonneurs de trompe, c’est l’attirance, plus
encore, la fascination pour le son de la trompe. Tous les témoins interrogés évoquent leur coup de
foudre avec le son de l’instrument, qui explique pourquoi ils le pratiquent aujourd’hui. Cette
primauté du son est liée à la qualité naturelle de son émission, contrairement aux autres instruments
à vent, où la colonne d’air est refaçonnée à travers pistons, trous pour les doigtés, etc., entraînant
une richesse étonnante des harmoniques produites.


Rédigé par

Brice Thèves

Chasseur. Sonneur de trompe du Pays-Fort.