Chapitre VII – Les maquis d’Ivoy

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La Turaudière, petite ferme située près d’Oizon gérée par Monsieur et Madame Fournier est un double P.C. c’est celui du Commandant Colomb et celui du Lieutenant François. Leurs deux Etats-Majors ont fusionné pour simplifier les choses.

Colomb a autour de lui :
Le Capitaine Forestier (de Pommereau) son adjoint.
• Le Capitaine Joseph (Paul Chassaing) qui militait auparavant dans la Résistance nivernaise) chargé de l’intendance F.F.I.
• Le Lieutenant René (de Rohan-Chabot) qui arrivé de Paris avec une douzaine de jeunes scouts était l’adjoint de Joseph.
L’adjudant-chef Arthur (Agogué) qui s’occupe plus spécialement du Q.G. : chauffeurs, motocyclistes, agents de liaison.

François commande directement les Maquis d’Ivoy dont il est le chef.
Au 20 août, il a sous son commandement :
– La Section Bertrand (Antoine de Vogüé) avec les groupes « 18 juin 1940 » ; « Bir-Hakeim I » ; « Jacques Cœur ».
– Les groupes « Kléber » ; « Valmy » ; « La Voltige » ; « Tunis » ; « Robert » et « Médéric ».

De plus en plus sur le plan opérations, elles dépendent de lui :
Le groupe de résistance d’Aubigny composé d’une trentaine d’hommes sous les ordres de Simon et Dargent. Ce groupe combattra sur la route Aubigny-la Chapelle-d’Angillon.
Le groupe de Résistance d’Ivoy-le-Pré fort d’une vingtaine d’hommes dirigés par Paillard et Gransart. Il surveillera les routes La Chapelle Ivoy la Chapelotte et Ivoy-Henrichemont.
Le groupe de Résistance de la Chapelle-d’Angillon dirigé par le Sergent Saget et l’adjudant de gendarmerie. Fort d’une quinzaine d’hommes il travaillera en collaboration avec le groupe d’Ivoy.
Le groupe de Résistance de Vailly/Sauldre commandé par le Capitaine Baron participera aux côtés des maquis d’Ivoy aux combats d’Argent-sur-Sauldre.
Le groupe de Résistance d’Argent-sur-Sauldre avec Rat et le Capitaine Berger suivra plus tard les Maquis d’Ivoy jusque dans le Cher-Sud à Osmery.


Embuscade de Sens-Beaujeau

Le 19 août les Maquis d’Ivoy poursuivent vers la Chapelotte et Sens-Beaujeau, le convoi hippomobile désorganisé la veille par le groupe Kléber.

A la nuit le groupe Valmy engage une première escarmouche à l’entrée de Sens-Beaujeu. Quatre Allemands sont tués et trois blessés. Devant ces attaques le convoi ennemi se barricade dans le village. Malheureusement, Moulins, chef du Secteur Sacerrois-Nord ne sera pas prévenu à temps et se fera massacrer le lendemain au petit jour avec trois de ses camarades.
Profitant de la nuit les groupes 18 juin 1940 « Tunis » et « Jacques-Cœur » contournent Sens-Beaujeu. et vont s’embarquer au haut de la côte de Bellechaume.
Vers 8 heures du matin ils ouvrent le feu sur la colonne qui s’est remise en route. A très courte distance les six F.W. tirent sans désemparer sur l’ennemi surpris. En dix minutes environ, vingt à vingt-cinq Allemands et trois de leurs chevaux sont tués. Les autres se regroupent à grand’peine abandonnant deux voitures et un important matériel. Ils seront attaqués à nouveau, une heure plus tard par les groupes de village du Sancerrois et en particulier celui de Bué conduit par Adjudant ISalmon. Alors, ils abandonneront ce qui leur reste de matériel, et les quelques survivants s’enfuirent. Seuls quelques-uns pourront le jour suivant franchir la Loire ou regagner Bourges.

Revenant vers leur secteur les maquis d’Ivoy libéraient Aubigny puis Argent le 22 août.
Le 23 août, François repère un gros convoi ennemi venant de l’Ouest et se dirigeant vers Gien et Briare. Il engage la presque totalité de ses forces à sa poursuite.

Le 23 au soir, les maquis sont rassemblés devant le pont canal de Briare qu’ils franchissent le lendemain matin libérant Briare où se cachent encore quelques boches. De Briare ils se dirigent vers Gien. Le groupe Robert peut établir un contact avec les troupes américaines qui se trouvent plus à l’ouest. Les maquisards annoncent à nos alliés qu’ils viennent de libérer Gien et Briare et qu’ils peuvent donc y renter en toute tranquillité.

Dans l’après-midi l’ennemi est repéré à Ouzouer-sur-Trèze et Colomb et François se mettent en embuscade pour l’attaquer à la sortie de Breteaux. Malheureusement, faute de temps dans la préparation de l’attaque, cinq ou six voitures formant l’arrière garde du convoi purent seules être accrochées. Les pertes de l’ennemi ne furent guère importantes (quelques tués et prisonniers).

Le 26 août un petit détachement allemand motorisé (300 hommes, ne cinquantaine de voitures et de camions) réoccupe Argent. A la suite d’une fausse manœuvre (ils croyaient à une reddition aux Américains et voulaient l’obtenir au maquis) le sous-lieutenant Bertrand, Gérald et Pilou sont faits prisonniers dans le village. Ils seront promenés par leurs « geôliers » pendant 3 jours, mitraillés sur toutes les routes par le… maquis. A la fin, le chef de convoi acceptera de les libérer si les prisonniers qui lui ont été faits lui sont rendus. Ainsi, ils échappèrent à une fusillade certaine.

Dans la soirée, des embuscades sont placées sur toutes les routes accédant à Argent. A la tombée de la nuit, l’ennemi tente de forcer le « bouchon » placé en avant d’Aubigny. Il est repoussé avec pertes (5 tués, 5 prisonniers, et un camion capturé avec un canon de D.C.A. de 20 mm). Il fait alors une nouvelle tentative en direction de La Motte-Beuvron. Le « Bouchon » saute après un combat seulement meurtrier pour l’ennemi et auquel avait participé un groupe franc anglais.

Durant les jours suivants, les Allemands se décident enfin à évacuer la « poche » au sud d’Orléans et reviennent en force dans toute la partie septentrionale du département.

A partir du 28 en particulier, des effectifs considérables en colonnes de toutes armes sous la protection de quelques blindés intercalés dans les convois traversent le Cher-Nord empruntant tantôt la route Argent ou Aubigny – Vailly-sur-Sauldre – Sancerre, tantôt la route Salbris – la Chapelle-d’Angillon – les Aix-d’Angillon, tantôt aussi la route 140 vers le sud. D’autres se dirigent directement sur Bourges par La Motte-Beuvron. l’importance de ces convois et la présence de ces blindés vont rendre beaucoup plus difficiles les embuscades.

De légères modifications ont été opérées au sein des maquis d’Ivoy.

Vers le 25 août, 3 jeunes aspirants des Forces Françaises Libres : Bonneval, Luc et Eymont avaient été parachuté. Eymont fut envoyé à Menetou où il faut l’adjoint puis de remplaçant de Berbier. Luc et Bonneval commandèrent chacun une section d’Ivoy.

Luc dirigea les groupes Kléber, Valmy et la Voltige Bonneval les groupes Tunis, Robert et Médéric.
A partir du 28 août, Luc s’installe en permanence sur l’axe Aubigny–Vailly et Bonneval sur l’axe Argent–Vailly.

Plusieurs embuscades échouèrent, plusieurs furent couronnées de succès notamment à Blancafort, Dampierre et Barlieu.
Au cours de l’une d’elles l’Aspirant Bonneval fut blessé au bras, et le motocycliste Moretti. fait prisonnier fut libéré par ses camarades.

Pendant ce temps les groupes de village et les autres maquis luttent dans divers endroits du secteur.
Le groupe d’Aubigny entre Aubigny et la Chapelle.
Les groupes de la Chapelle et Ivoy entre la Chapelle et Ivoy.
Sous les ordres du sous-lieutenant Bertrand 3 maquis sont du côté d’Henrichemont.
D’autres groupes sont sous la direction du Capitaine Forestier. de Sous-Lieutenant Berry vers Menetou-Ratel où ils mènent de durs combats les 29, 30 et 3 août en présence du Commandant Colomb qui est toujours le premier à faire le coup de feu et à s’exposer.
Le 31 août entre Aubigny et Argent 8 camions sont attaqués et suivant des renseignements sûrs l’ennemi perd 28 morts et 32 blessés.
Le 1er septembre entre Concressault et Vailly, 5 Allemands sont tués et plusieurs blessés.
Ce sont là les deniers combats en Cher-Nord des Maquis d’Ivoy qui en 15 jours avec les faibles moyens dont ils disposaient avaient fait un travail remarquable, débordent leur zone propre pour harceler victorieusement l’ennemi partout où il se trouvait.



Lieutenant Pierre de Vogüé alias François. Ancien du maquis du Vercors. Agent de liaison du Commandant Colomb puis chef des maquis d’Ivoy.
Capitaine Louis Marie Emmanuel de Pommereau alias Forestier. Chef de l’O.R.A. du Sancerrois avec Borocovitch, arrêté puis relâché par les Allemands devient l’adjoint du Commandant Colomb, aide le maquis à ses débuts dans le Sancerrois.
Capitaine Paul Chassaing alias Joseph. Imprimeur à Nevers, Intendant F.F.I.
Lieutenant René de Rohan-Chabot alias René. Membre de l’E.M. du Commandant Colomb.
L’adjudant-chef Arthur Agogué. Sous-officier affecté au P.C. du Commandant Colomb.
Lieutenant Antoine de Vogüé alias Bertrand. FFI du Cher-Nord, première section du maquis d’Ivoy-le-Pré. Fait prisonnier par les Allemands avec Edme Boiché et Pierre Montillier le 31 août 1944, échangé contre des soldats allemands prisonniers du maquis.
Sous-lieutenant Simon. Un des chef du groupe de résistance d’Aubigny-sur-Nère. Depuis le 6 juin 44 une quinzaine d’hommes.
Dargent. Un des chefs du groupe de résistance d’Aubigny-sur-Nère.
Paillard. Un des chefs du groupe de résistance d’Ivoy-le-Pré.
Gransart. Un des chefs du groupe de résistance d’Ivoy-le-Pré.
Sous-Lieutenant Saget. Un des chefs du groupe de résistance de la Chapelle-d’Angillon.
Rat. Un des chefs du groupe de résistance d’Argent-sur-Sauldre.
Capitaine Berger. Un des chefs du groupe de résistance d’Argent-sur-Sauldre.
Sous-lieutenant Lucien Chevillon alias Moulins. En juin 1944, il était chef de section des maquis du Sancerrois-Nord dirigés par le commandant des FFI du Cher-Nord Arnaud de Vogüe alias Colomb, désigné par le Comité d’action militaire le COMAC en avril. 
Adjudant Irénée Salmon. Membre du groupe de village de Bué (groupe Sauvignon) aide à la création des maquis. Né(e) le/en 17-07-1897 à Boulleret (18 – Cher, France). Date du décret 16/06/1945. Date de publication au JO 17/06/1945. Décoration Médaille l’Ordre de la Libération.
Edme Boiché alias Gérald. En août 1944, il est incorporé au maquis des FFI Cher-Nord où il retrouve Pierre de Vogüé qu’il a connu avant guerre dans un patronage à Paris. Il adopte le pseudonyme de Gérald et est nommé chef du groupe Jacques-Cœur.
Pierre Montilier alias Pilou. Prisonnier des Allemands avec Edme Boiché le 31 août 1944, échangé contre des soldats prisonniers de la Résistance.
Yves Marie Joseph Bommelaer alias Luc. Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 69337. F.F.I. du Vercors en 1943. Sous-Lieutenant responsable de 3 groupes du maquis d’Ivoy (Kléber, Valmy et la Voltige).
Aspirant Bonneval. Aspirant des F.F.I. parachuté, blessé à la fin août près d’Argent-sur-Sauldre alors qu’il commandait une section des Maquis d’Ivoy.
Aspirant Eymont. Aspirant des F.F.I. parachuté. Adjoint puis successeur du sous-lieutenant Berbier à la tête de la 3ème section de Menetou.
Capitaine Berbier : chef de groupe de Résistance d’Argent-sur-Sauldre.
Moretti. Motocyclyste des maquis d’Ivoy fait prisonnier en août 1944 et libéré par ses camarades.
Roger Bardy alias Berry. Le 22 Août, avec ses hommes il tend une embuscade sur la route de la Chapelle d’Angillon au lieu dit « LA SURPRISE ». Une auto allemande occupée par deux officiers se présente. Un officier est blessé, deux pneus sont crevés, mais elle peut continuer sa route après plusieurs embardées dangereuses. Le 31 Août, BERRY et ses hommes sont à Menetou-Ratel où, sous la direction du Capitaine FORESTIER, ils tendent une embuscade à un peloton cycliste d’environ 20 hommes. Ayant éventé l’embuscade, les allemands mettent pied à terre et se déploient en formation de combat. Après 10 minutes, c’est une lutte acharnée. L’ordre est donné de rejoindre les voitures placées en retrait du groupe. Plus tard ils entreront en contact avec le Sous-lieutenant BONNEAU pour établir une nouvelle embuscade aux Noyers. Aucun ennemi ne se présentant, les hommes rejoignent la forêt d’Ivoy terrassés par la fatigue.


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Rédigé par

Jérome Lasne

Imprimeur depuis 1981 et adore les livres...