Au sujet de saint Jacques de Saxeau

Éditeur Legare Street Press
Date d’édition 2023
ISBN 10 1020525665
ISBN 13 9781020525667
Reliure Relié
Nombre de pages 612

Ce livre est une histoire de la région du Berry, dans le centre de la France, depuis la Préhistoire jusqu’au 19ème siècle. L’auteur, Louis Raynal, décrit les événements politiques, religieux, économiques et culturels qui ont marqué la région au fil des siècles, ainsi que les personnages célèbres qui y sont nés ou qui y ont séjourné, comme George Sand ou Alexandre Dumas. Paru en 1845, cet ouvrage est une référence pour les amoureux de l’histoire régionale.

Préface

Si les Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, qui, avant la révolution, réunissaient les matériaux d’une Histoire du Berry, avaient achevé ce grand travail, je n’aurais jamais eu la pensée de venir glaner après eux ; car ils savaient épuiser un sujet : et dans le sein de leur docte communauté, la puissance de l’association, fécondée par le sentiment religieux, produisait des résultats dont nul effort individuel ne peut approcher aujourd’hui.
Mais l’incendie qui, peu d’années avant 1789, vint détruire l’abbaye de St.-Germain-des-Prés, n’épargna pas les nombreux documents déjà rassemblés ; puis les Bénédictions furent dispersés par la révolution, et l’histoire du Berry est encore à faire.

Livre second – chapitre quatrième page 279

L’Église de Bourges à la fin de la première race et sous les rois Carlovingiens.

Successeurs de Wulfoled. – Du Patriarcat. – Fondation des abbayes de St. Laurent et de Massay. – Saint Agiulf. – Saint Raoul. – Fondation de l’abbaye de Dèvre. – Diplômes d’immunité pour les monastères. – L’Ermite saint Jacques : origine de La Chapelle-Dam-Gilon. – Wulfad. – Frotaire : ses démêlés avec le comte Bernard. – Sainte Solange. – Adace, Madalbert, saint Géronce. – Fondation de l’abbaye de Déols et de l’abbaye de Saint-Gildas. – L’irrégularité se glisse dans les monastères.

Livre second – chapitre quatrième page 293

Raoul mourut en 866 : il fut enseveli à Bourges, dans l’église de Saint-Ursin. Sa mort avait été prédite par saint Jacques, qui ferme la série des ermites célèbres du Berry, et qui l’avait précédé de peu de jours dans la tombe.

Saint Jacques, Grec d’origine, avait long-temps été soldat : il avait, dit-on, servi sous les ordres de l’empereur Léon l’Arménien 4 : peut-être s’était-il trouvé à sa grande bataille contre les Bulgares. Mais tout-à-coup, saisi de vifs sentiments de piété, il se clerc, puis s’embarqua pour venir dans la Gaule. Il resta quelque temps à Gênes, et enfin se rendit à Bourges, où il commença par visiter les sépultures des saints dont les corps reposaient dans les églises de cette ville. 1 Il eut un instant la pensée de rester au monastère de la Nef ; mais l’existence laborieuse et active de ces enfants de saint Benoit ne pouvait convenir à un Oriental ; son amour pour la vie contemplative l’emporta, et il trouva, à douze milles de Bourges, sur les bords de la petite Sauldre, en un lieu alors nommé Saxiacus, jadis habité, mais où il n’existait plus que des ruines 2, une solitude profonde et sauvage ; Il s’y établit avec le consentement du seigneur à qui appartenait la contrée, Robert, qui avait épousé Agane, fille du comte de Bourges, Wifred, et d’Ode, sa femme3. Il se construisit d’abord une étroite cabane pour lui et pour son clerc Jean ; puis, à l’aide d’aumônes, il éleva de ses mains une modeste chapelle. Robert et Agane le visitaient souvent et lui faisaient porter par un serviteur des mets de leur table 1 : leur demeure était donc dans le voisinage. Après s’être livré long-temps à cette vie de privations et d’austérités dont nous avons déjà rencontré plus d’un exemple, il sentit que ses jours allaient finir. On prétend qu’illuminé par une inspiration d’en haut, il prédit la mort prochaine de Raoul et les horreurs d’une grande famine ; il annonça que les Danois, c’est-à-dire les Normands, reviendraient bientôt de l’Aquilon pour ravager le Berry, et qu’ils pilleraient le monastère de la Nef ; puis, s’étant fait creuser une fosse dans sa chapelle, il s’y étendit et y rendit le dernier soupir, les mains jointes pour la prière et les yeux tournés vers le ciel 2.

Comme les cellules d’Eusitius et de Patrocle, la chapelle et le tombeau de saint Jacques furent bientôt environnés d’habitations ; un village s’y forma, qui conserve aujourd’hui le nom de la Chapelle ; on seulement ajouté à ce nom celui d’un de ses plus anciens seigneurs, Gillon de Sully.
– On montrait, à une lieue de Bourges, du côté de Vierzon, dans une église aussi dédiée à saint Jacques, une sorte de cellule obscure où la tradition racontait que le pieux solitaire s’était retiré avant de fixer sa dernière demeure sur les bords de la Saudre3.

Livre troisième – chapitre premier page 359

Les Sully ne bornaient pas leurs dévastations aux alentours de leur redoutable forteresse, C’est ainsi qu’à une époque qu’il est impossible de préciser, mais qui paraît très ancienne, ils enlevèrent à l’abbaye de Saint-Sulpice de Bourges l’église bâtie aux bords de la Saudre, auprès de l’ermitage de Saint-Jacques, au lieu nommé depuis La Chapelle-Dam-Gilon. Il la possédèrent long-temps ; car elle ne fut restituée à l’abbaye qu’en l’année 1061, par la veuve et les enfants d’Archambaud de Sully.

Dans cet acte solennel, confirmé par Aimon de Bourbon, archevêque de Bourges, par Arnulf-le-Tortu, de Dun, et Calveronne, sa femme, et par le vicomte Étienne, nous voyons Agnès, veuve d’Archambaud, Humbaud et Gilon, ses fils, et ses filles Hodierne et Hiranie rendre à Dieu et à saint Sulpice, non seulement l’église1, mais toutes ses dépendance et la viguerie du bourg ; ils font cette restitution pour le salut d’Archambaud, leur père d’Hymbaud, leur oncle et de tous leurs parents qui ont injustement occupé ces propriétés du monastère, et, dans leur reconnaissance, les moines s’engagent à célébrer les anniversaires d’Hymbaud, d’Archambaud et d’Hercenaud, tous successivement seigneurs de Sully.

L’abbé de Saint-Sulpice, Eudes, promet en outre que jamais on ne déplacera les reliques de saint Jacques, si ce n’est pour procurer quelque acquisition au monastère ; et en ce cas, on devra rapporter immédiatement le précieux dépôt dans l’église de La Chapelle2.


  • 4 S. Jacobus, natione Gracus, patre cognomine Felice, matre Hermena creatus, militaribus in adolescentia studiis implicatus, Leoni Graœcorum imperium moderanti familiarissimus fuit. S. Jac. Elog. Hist. N. B. II, 393. – Acta SS. Ord. S. Bened. Sæc. IV, p. 2°, 151.
  • 1 Inde Bituriges adiit : ad quam urbem eum devenisset, et sanctorum memorias quæ præcipuè in eadem celebrantur frequentasset, ad extremum Navense quoque monasterium… visitavit. Ibid.
  • 2 In ripa minoris Saleræ locus situs erat, indicia ostendens olim illic fuisse habitationem hominum propter ruinas murorum… hunc locum cui Saciacus vicus nomen fuisse, duodecim milliaribus a Bituricas civitate… elegit in habitationem. Ibid. – XIII° (Kal. jan.) Bituricas territorio loco Saciaco S. Jacobi confessoris.
    Ancien martyrologe de St. Laurent, N. B. II, 705. – On a prétendu que le Vicus Saxiacus devait être fixé à Sancerre. (La Thaumassière, Histoire du Berry, Bourges, 1689, rééd. 1865, 3 vol., t. II, p. 447) C’est une erreur qui n’a plus besoin d’être réfutée. – On a prétendu que ce nom pouvait venir de ce que Charlemagne avait placé en cet endroit, vers 804, une colonie de Saxons ; mais il est peu probable qu’on eût choisi l’Aquitaine, à peine soumise, pour y placer des ennemis, même vaincus ; et d’ailleurs, la plupart des chroniques disent que Charlemagne dispersa les Saxons en France (in Franciam). Or, à cette époque, le Berry ne faisait pas partie du pays appelé Francia.
  • 3 Robertus Saxiaci vici et circumjacentis regionis Dominus, vir potens et nobilis ex regum Francorum genere… Uxor ejus Agana ex patre Wichfrido comite quondam Bituricensi regali prosapia exorto et matrona Oda nomine filia… Ibid. V. la translation de St. Genou. Scr. Fr. VI, 330 ; et plus haut, p. 224 et 284.
  • 1 Idéo princeps cum uxore intendebat sanctum eremitam quotidianis curare alimentis, quæ per discophorum servum mittebantur. Acta SS. Ord. S. Bened. ibid., 152.
  • 2 Morti proximus pronuntiavit in proximo reversuram esse ab Aquilone gentem Danorum quos vulgus Normannos appellat, cujus cridelitztem monasterium illud experiretur unde nuper egressus fuerat, direptis et vastatis ad illud perinentibus. Addiditque propediem venerandum archiepiscopum Bituric. Radulfum fatis concessurum… prædixit quoque fururæ famis inopiam. Pridièvero quam decederet, aperiri sibi sepulchrum jussit in oratorio… ibid.
  • 3 La Chapelle-d’Angillon, ou plus exactement Dam-Gillon, Capella Domini Gilonis. – Ab eadem cella pendet alia ecclesia S. Jacobi, una leuca ab urbe Virzionem versus ; in qua visitur latibulum instar cellæ subobscuræ, ubi S. Jacobus, antequam Saxiacum se reciperet, delituisse creditur. Ann. Bened. II, 624. J’ignore quelle est cette église.
  • 1 Ego Humbaldus et frater meus Gilo et mater nostra Agnes cum sororibus nostris Hodierna sive Hirania habebamus quamdam ecclesiam quæ est dedicata in honore B. Mariæ et S. Sulpitii archiepiscopi Bituricæ civitatis, nec non S. Jacogi confessoris in ipso loco quiescentis quæ erat antiqitus de honore ejusdem S. Sulpitii… quam reddimus Deo eidemque S. Sulpicio… Labbe, Hist. abr. , p. 76.
  • 2 …Et vicaria erit S. Sulpitii… Propter hunc donationem staturunt monachi onni anno agere anniversaria Hymbaldi et Archambaldi atque Archenaldi… Hoc quoque frimavit Odo abbas ut reliquias loci aut corpus S. Jacobi non subtahat de loco nisi causa aliquid acuqirendi et iterum revertendi. Ibid.

802838 Wicfred († 838), peut-être fils d’Ebroïn, descendant certain d’Humbert Ier. Marié à Oda, il est le père d’Agane, femme de Robert IV dit le Fort de Wormsgau (robertien).

Fondateur de la dynastie des ROBERTIENS qui donneront la lignée royale française de Hugues Capet et de sa descendance. Issu d'une famille de comtes palatins, dont le berceau est Worms, en Rhénanie-Palatinant, regardée comme la plus ancienne cité germanique et lieu des légendaires et fameux Nibelungen.

Keats-Rohan, K. S., and Christian Settipani. « Onomastique et parenté dans l’Occident médiéval. » (No Title) (2000).
Christian Settipani, « Les origines des comtes de Nevers », dans Onomastique et Parenté dans l’Occident médiéval, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica / 3 », 2000, 310 p. (ISBN 1-900934-01-9), p. 85-112

Rédigé par

Claudine Douchain

Guide touristique. Présidente d'une association sport & Loisirs. Retraitée