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Départ d’une procession de saint Jacques de Saxeau à la Chapelle-d’Angillon, derrière le reliquaire les deux derniers curés résidants à la Chapelle-d’Angillon : MM les abbés Bonneval et Didelot

Saint Jacques mourut le 19 novembre 865 âgé de 74 ans. La vénération et l’amitié d’un prince comme le puissant Robert n’avaient pas cessé de se joindre au culte populaire pour entourer le saint Ermite. Il faisait des miracles, il prédisait des événements tragiques comme une reprise des invasions normandes et chacun pouvait voir que ses prophéties étaient justes. Sa renommée ne fit que grandir après sa mort ; des miracles continuaient de se produire autour de son tombeau. Si son protecteur Robert mourra deux ans seulement après lui (867) les moines de Saint-Sulpice de Bourges, eux, continuaient de le revendiquer comme la lumière de leur groupe. Ils se construisent un prieuré près de l’oratoire où se reposait Jacques. Ils le saluent comme leur exemple. Très vite, ils lui donnent un office particulier pour sa fête. Et l’autorité diocésaine le canonisa. Dès ce moment, saint Jacques a ses autels et ses reliques atteignent une célébrité sans égale.

Le 4 juillet 1642 d’après l’abbé Borgès, (un curé de la Chapelle-d’Angillon à la fin du XIXe siècle), elles furent portées processionnellement par la paroisse de La Chapelle, d’Ivoy-le-Prè, Méry-ès-Bois, et Presly à Nançay où les attendaient les processions réunies de ce dernier lieu de Neuvy-sur-Barangeon, d’Allogny, de Theillay, de Ménétréol-sur-Sauldre et de Sainte-Montaine.

Il s’agissait d’obtenir les pluies du ciel.

De même, après une sécheresse prolongée, le 21 juin 1702, la procession part de La Chapelle-d’Angillon et celle d’Henrichemont et d’Ivoy-le Prè sont venues s’y joindre.

21 juin 1702

La procession part à quatre heures du matin pour se rendre à Ennordres où étaient déjà celles de Méry-ès-Bois, de Presly et d’Ennordres pour accompagner les saintes reliques à Aubigny.
A peu près à neuf cents pas de cette ville, toutes les paroisses invitées qui s’y étaient rendues au nombre de plus de 27, croix et bannières en tête, vinrent avec celle d’Aubigny et les députations des moines de Chèze-Dieu, des chanoines de la Trinité et des Pères Augustins, les recevoir pour les conduire solennellement à l’église paroissiale de Saint-Martin où devait se chanter une grand’messe en présence des saintes reliques.

Photo de la procession du samedi 13 novembre 2022

Après les saluts et harangues d’usage, les encensements des reliques de saint Jacques et le couronnement de son buste en vermeil, toutes les processions confondues et n’en faisant plus qu’une prirent le chemin de la ville dans l’ordre suivant :

  • 1° Soixante companieri agitant de temps à autre leur clochettes, ouvraient la marche ;
  • 2° Après eux, et sur deux rangs, étaient des hommes en costume complet de pèlerins ;
  • 3° Venaient à leur suite les seize jeunes gens de La Chapelle choisis pour porter les reliques pendant le trajet. Ils étaient revêtus d’aubes ;
  • 4° Derrière eux suivaient dans le même ordre tous les curés, prieurs, religieux, vicaires en habit de chœur et ayant au milieu d’eux deux groupes, l’un de petites filles à blanc couronnées de fleurs et portant chacune à la main un rameau de laurier, l’autre de petits garçons vêtus en anges avec des couronnes de perles sur la tête et des corbeilles en main pour jeter des fleurs sur le passage de saint Jacques.
  • 5° Au milieu de ce défilé et avant les croix paroissiales de la Chapelle et d’Aubigny, se voyaient à des distances égales 27 croix et 21 bannières de paroisses ainsi que 12 bâtons de confréries de Saint-Blaise, de Saint-Eloi et de Saint-Jacques tous portés par autant d’hommes en aubes ;
  • Objets liturgiques de Saint-Jacques de Saxeau
  • 6° Après cela était le buste du Saint que deux prêtres en aubes portaient et que deux autres en surplis encensaient de loin en loin. Tout autour se tenaient les quatre porteurs de torches de la Chapelle, les huit autres d’Aubigny et quatre hommes ayant à la main de gros cierges ;
  • 7° Ensuite se trouvaient l’un à côté de l’autre M. le curé d’Aubigny revêtu de son costume de docteur, à droite, et M. le curé de la Chapelle à gauche, une relique de la vraie croix sur la poitrine ;
  • 8° Enfin, Messieurs des justices royales de Concressault, d’Aubigny et de la Chapelle-d’Angillon en robes de palais entourés de nombreux sergents tant royaux que subalternes et de six hallebardiers en grande tenue, fermaient ce pieux cortège et le séparaient de la foule immense des fidèles.

En arrivant à la ville dont la porte était pavoisée et ornée de guirlandes, de pots de fleurs et de feuillage, les saintes reliques furent saluées par une décharge de six coups de couleuvrines. Une semblable salve, après leur sortie de la chapelle des Pères Augustins annonça leur entrée dans Aubigny où on les porta dans l’église des moines de Chèze-Dieu pour enfin venir les déposer dans celle de Saint-Martin où se célébra en l’honneur de saint Jacques une messe solennelle.

L’office terminé à midi, tous les assistants se retrouvèrent à Saint-Martin à une heure pour accompagner à leur sortie de la ville les reliques de saint Jacques jusqu’à un lieu appelé les Buttes. Là, une dernière salve de six coups de couleuvrines annonça l’heure de la séparation. En effet, toutes les processions qui s’étaient rendues à Aubigny pour la circonstance se retirèrent, laissant seulement celle de cette paroisse reconduire les pèlerins qui étaient venus d’Ennordres, de la Chapelle à la suite du buste sacré, au lieu où tout le monde s’était le matin rencontré.

Or, à peine les habitants d’Aubigny s’étaient-ils éloignés, qu’une pluie battante commença à tomber et conduisit ainsi pendant plus d’une heure, jusqu’à Ennordres, ceux qu’ils venaient de quitter. – Ce changement de temps devient bientôt général et, de tout côté, l’on s’applaudit d’avoir prié de bon cœur un saint qui ne manquait jamais de prendre les intérêts de ceux qui l’invoquaient auprès de Dieu. Cependant la pluie avait un peu cessé et les processions qui s’étaient arrêtées à Ennordres, durent en repartir pour le retour dans leurs paroisses respectives. Celle de la Chapelle, d’Ivoy et d’Henrichemont n’étant arrivées au chef-lieu du doyenné qu’à neuf heures du soir, ne voulurent pas pourtant se séparer sans avoir reçu la bénédiction solennelle du Saint-Sacrement. On remarque aussi que ce jour-là, ce fut le sieur Étienne Chalet, escuyer, Seigneur de la Planche e bailli de la Chapelle, qui nourrit les seigneurs de son ressort, présents à la procession au nombre de quinze ou seize.

Troisièmement, enfin, on doit signaler une autre cérémonie de ce genre pour la même cause et avec le même appareil qui eut lieu le 1er juin 1723. Plus de trente paroisses s’y trouvaient et le nombre de pèlerins était, dit-on de 12 000 hommes.

A la Chapelle-d’Angillon, le culte de Saint-Jacques qui a subi une éclipse à la grande Révolution est restaurée à la fin du XIXè siècle par un curé du lieu, le vénérable chanoine Torchon. La fête du saint a lieu le 19 novembre : tous les habitants viennent suivre la procession des reliques. Celles-ci sont enfermées dans un buste de métal précieux. Une confrérie de Saint-Jacques a été fondée au XIXè siècle.

Rédigé par

Florence Estèves

Langue et culture françaises chez Connexion France.
J'aime tisser des réseaux avec les activités culturelles et régionales françaises. Avec enthousiasme, je souhaite partager mes connaissances et mon expérience de mon pays natal.