Association Saint-Aignan à Ivoy-le-Pré

Eglise d’Ivoy-le-Pré

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L’église n’est qu’une simple nef terminée à l’ouest par un pignon du XIIIe siècle et à l’est par un chevet à cinq pans. Les deux premiers côtés, presque dans le prolongement des murs, sont percés de fenêtres en simples lancettes ; les deux suivants ont des fenêtres refendues d’un meneau et ont gardé au sommet des enlacements à lobes aigus où sont des morceaux de vitraux colorés sans intérêt. Le panneau du fond est percé d’une fenêtre aujourd’hui murée, à deux meneaux, qui se croisent au sommet en lobes vésiculaires.
Les murs du chevet ont des arcs-formerets qui reposent sur des pilastres cylindriques très-engagés, à chapiteaux mutilés. Les murs de la nef ont aussi des traces de l’arrachement des voûtes. Le tout est aujourd’hui couvert d’un berceau en bois refait récemment, mais qui avait été établi évidemment lors de la ruine des voûtes. Tout porte à attribuer leur destruction aux protestants, probablement au féroce capitaine d’Ivoy, qui avait contre les prieurs de Saint-Sulpice une haine spéciale et un ressentiment personnel. Il y a peu d’années, nous avons vu la cloche portée sur des piliers de bois et logée dans un châssis en planches établi à l’intérieur de la nef, au haut côté sud. Elle est aujourd’hui dans un clocher nouvellement construit au dehors, du même côté, un plus vers l’ouest.

Tout le chœur et le chevet sont revêtus d’une boiserie à pilastres corinthiens du XVIIIe siècle, ayant au bas un double rang de stalles. L’autel, en bois, orné de beaux rinceaux dorés, est abrité, sous un baldaquin composé de quatre colonnes composites, surmontées chacune d’un morceau d’entablement faisant saillie tout autour. De là partent quatre guirlandes de rinceaux et de fleurs, qui convergent pour porter un petit dais rond ; le tout d’un assez beau travail et plus mauvais goût. Derrière l’autel est un petit tableau sur bois représentant une déposition, d’une certaine valeur comme dessin. Cette vaste église a de longueur totale 38m 90 et de largeur 11m 20.

Fig. 34 p. 45

La porte de l’ouest comprise sous un édicule plaqué au mur et un peu saillant est à deux vantaux, terminés, chacun au sommet, par quatre lobes ronds. Le tympan ogival est percé d’un oculus rond ; le trumeau central est décoré d’une colonne à chapiteaux à crochet, surmontée d’une grossière statue de saint Jean-Baptiste portant l’agneau; au-dessus est un petit quatre-feuilles aveugle ; de chaque côté de la porte sont cinq colonnes, trois en avant, deux moindres un peu en arrière, à chapiteaux de crochets (Fig. 34) et à bases plates débordant le socle ; leur scotie est refendue de traits verticaux. Ces colonnes portent toutes une série de moulures en embrasement ; des feuillages modelés masquent la frise des pieds-droits. Si tout cela a la prétention de rappeler le portail de la Cathédrale, c’est une prétention bien mal justifiée.

Chapelles. – A droite, au sud de cette nef, est ouverte une vaste chapelle appartenant au seigneur d’Ivoy ; elle a deux grandes fenêtres, l’une au sud à deux meneaux, l’autre à l’est à un seul. Elle est voûtée sur nervures à profil évidé assez complexe. Deux lignes de nerfs saillants soutiennent le milieu des lignes de clefs et ont leurs extrémités maintenues par huit nervures convergentes, disposition que nous avons vue à la chapelle de la Bonne mort à la Cathédrale. Les clefs armoriées portent la croix chargée de coquilles, d’autres une fasce et trois tourteaux, 2 et 1, armes des du Mas. La clef du milieu est partie des deux écussons.

Cette chapelle a conservé des traces de peinture représentant divers miracles et surtout celui de la Santa-Casa de Lorette. Les légendes sont en minuscules gothiques ; on distingue deux hommes prenant les dimensions d’un bassin divisé en damier ; légende : LES MESUREURS, sur un autre point deux couchés : légende :
LEMONT DES DEUX FRERES – LA TRANSLATION DES RELIQUES. LES MIRACLES DE PARIS. – LA … DE LORETTE. Le tout très-endommagé.

A l’est on voit peint au-dessus de l’autel un écusson écartelé 1 et 4, chevron de gueule et trois roses, 2 et 3, contre-écartelé, 1 et 4…, 2 et 3 gueules à trois étoiles d’or.

Au nord est une autre chapelle analogue. Les clefs en sont élégantes, légères et armoriées. Celle du milieu est formée d’une couronne dans laquelle deux petits personnages en silhouette portent l’écusson : croix chargée de cinq besants.

Tombes. – Dans le dallage du chœur sont deux tombes, l’une creusée dans une pierre qui a conservé des traits d’une inscription antérieure :

JESUS MARIA, CY GISENT HONble HOME JEAN D’ANJOV ET DAME MARIE DABERT DE CE LIEU D’IVOY DECEDERENT SCAVOIR LE DIT DANJOV LE 2 MARS 1661 AAGE DE 78 ANS ET LA DITE DABERT LE 17 NOVEMBRE 1636 AAGEE DE 48 ANS PRIEZ DIEU POUR EULX

L’autre a la partie supérieure très-fruste ; ce doit être celle de Drummond. On lit la fin :

DIVOY LE PRE BA… ET AULTRES LIEUX, DECEDE EN CETTE PAROISSE, LE… OCTOBRE 1786, AGE DE 71 ANS

CE MONUMENT A ETE ERIGE PAR SON PETIT-FILS LOUIS VICOMTE DE MELFORT, EN 1824.

Rédigé par

Diane Lasne

Responsable administrative et financière