(ou le souvenir permanent de Byzance)
Le secret des premiers capétiens par Marie-Madeleine Martin. Page 128.
Né au début du IXe siècle, il eut pour père un haut personnage de l’empire, Félix, une mère appartenant à la noblesse. Hermine ; mus tous deux par une grande ferveur religieuse. Jacques était le cadet d’une très nombreuse famille et comptait six frères. Brillant élève dans les lettres et sciences, il joignait la beauté physique aux dons de l’esprit, et les chroniques nous le décrivent grand et plein de séduction. Tandis que son frère aîné, Herpelin, entrait dans les Ordres, Jacques se destinait à l’armée et à la cour. L’empire, harcelé par les Musulmans et les Bulgares, étaient en guerre et l’empereur Nicéphore venait de périr dans une embuscade, quand Jacques offrit ses services au successeur du défunt, Michel. Il avait été suivi de ses cinq frères. Mais le sort des armes est contraire au nouvel empereur, les disputes dynastiques écartèlent le trône byzantin. Jacques va de désillusion en désillusion : ses frères ne méritent pas le soutien qu’il veut leur donner à la cour, et le nouvel empereur relance l’hérésie iconoclastique, écrasée depuis quelques décennies…
Alors le frère aîné de Jacques, Herpellin, appelle son cadet dans son couvent, il le sermonne, lui montre les dangers que sa carrière ambitieuse fait courir à son âme… et fait si bien que Jacques décide de rester, lui aussi au couvent ! (C’était sans doute celui du Stoudion.)
S’il croyait avoir trouvé calme et paix, il se trompait. Comme les troubles politiques continuaient à Byzance, comme un empereur avait été assassiné, comme les Iconoclastes aggravaient leur besogne de destruction, Jacques et son aîné décidèrent de quitter leur patrie. Leur but était de gagner Jérusalem, la ville sainte. Mais une tempête les jeta sur les côtes de Lybie puis finalement en Sardaigne, île qui appartenait alors au Pape. Jacques ne voulait connaître l’Occident qu’en passant, y reprendre force et courage pour retourner à Constantinople et lutter contre les Iconoclastes. Plusieurs mois se passèrent pour lui en voyages, en retour bref à Constantinople, et à Jérusalem. Puis Herpelin mourut…
Et Jacques revint finalement en Occident pour toujours… Il verra à Rome le Pape Sergius II, lui parlera des empereurs iconoclastes, et le Pape aura plusieurs entretiens avec ce moine-soldat. Mais toutes les offres de fonctions brillantes dans l’Eglise de Rome ne retiendront pas Jacques ; l’empire de Charlemagne dans les Gaules devait attirer ce théologien passionné, ce convertisseur né. Charlemagne était apparu à l’univers, comme un défenseur parfait de l’orthodoxie : les grands savants de sa cour, les Alcuin, les Théodulphe, les Smaragde composaient les traités qui faisaient loi dans l’Eglise… Jacques choisit donc d’aller vers les Gaules ; il devait y vivre et y mourir…