Concours agricole du 22 août 1897 – Part I
Au fur et à mesure qu’une commission a terminé son travail, le rapporteur communique les résultats au secrétaire qui rassemble tous les éléments du palmarès. Quand la liste est enfin complète elle ne renferme pas moins de 175 récompenses ! Il est 4 heures alors ; c’est le moment de la distribution. M. le comte de Vogüé, président du Comice ; les vice-présidents : MM. des Tureaux, Foucher-Cousin, Boutroux et Lefèvre ; M. Bernard, sous-Préfet de Sancerre ; M. Vannerreau, maire de la Chapelle ; M. Franc, professeur départemental d’agriculture ; les personnes notables de la circonscription, prennent place sous la tente, assiégée par une foule pressée de curieux, avides de voir et d’entendre.
La distribution
Prenant le premier la parole, M. le Sous-Préfet félicite les agriculteurs de l’heureux changement apporté par leurs efforts à la culture, naguère encore si arriérée de la Sologne et assure de vive sollicitude que le gouvernement de la République porte aux travailleurs du sol. M. le Président, se levant à son tour, prononce un discours très applaudi. Après avoir remercié la Chapelle de son sympathique accueil et payé un juste tribut d’éloges à ceux de nos concitoyens qui se sont distingués dans les diverses branches du progrès agricole, il jette un coup d’œil sur les mesures économiques prises au cours de cette année par les pouvoirs publics dans le but de faciliter la tâche de l’agriculteur et d’améliorer sa situation : protection plus efficace contre la concurrence étrangère, répression plus sérieuse de la fraude, création de caisses rurales etc.
On trouvera plus loin le texte de ce discours, comme aussi celui des deux rapports présentés ensuite par M. E. Boutroux, vice-président pour le canton d’Aubigny et par M. Sarrazin, professeur d’agriculture, au nom de la Commission de visite des fermes et de celle de l’enseignement agricole.
Après la lecture du dernier rapport commence l’appel des lauréats. Si l’on considère qu’il y en a 175, si l’on tient compte de ce fait, que l’administration exige la justification de la remise de chaque prime par l’émargement des ayants-droit, on comprendra que la distribution ne laisse pas que de demander beaucoup de temps.
Nombre de personnes en effet, sous la tente, trouvent la séance un peu longue. Mais les lauréats, eux ne songent pas à se plaindre et ne se lassent pas d’entendre acclamer leurs noms et de voir leurs mérites payés par de chaudes félicitations et de beaux écus sonnants.
Enfin le dernier est descendu de l’estrade et le trésorier a fermé sa caisse. Les notabilités du Comice et de l’administration, qui ont présidé à la distribution, peuvent respirer un peu et s’égarer un instant au milieu de la fête foraine qui bat alors son plein, avant de se réunir à nouveau dans la salle de l’école où est servi le banquet.
Le banquet
Cinquante convives environ prennent place autour des trois tables disposées en fer à cheval. A la table d’honneur sont assis : M. de Vogüé qui préside, ayant à sa droite M. le Sous-Préfet et M. des Tureaux, à sa gauche M. le Professeur d’agriculture et M. Bignolas, maire d’Ennordres.
En face du Président est M. le maire de la Chapelle-d’Angillon, ayant à se côtés MM. Foucher-Cousin, Lefèvre et Boutroux.
A l’heure des toasts, M. le Sous-Préfet de Sancerre porte la santé de M. Félix Faure, président de la République,
« qu’accompagnent les vœux de tous les Français, tandis qu’il s’achemine vers une nation amie. » (1)
M. Bernard, sous-Préfet de Sancerre
(1) Visite de Félix Faure à Saint-Pétersbourg en août 1897 : l’alliance franco-russe est officielle
M. le comte de Vogüé porte un toast à l’union sur le terrain agricole, union si désirable à tous égards pour la prospérité du pays et la grandeur de la patrie.
M. des Tureaux porte la santé des lauréats et M. Franc boit au progrès agricole dont on a vu, dans cette journée, de si remarquables exemples.
M. Augustin Lefèvre porte la santé du Président du Comice.
M. de Vogüé, après avoir remercié l’assistance du chaleureux accueil fait à ce toast, boit à la ville de La Chapelle-d’Angillon, qui a fait au Comice une si magnifique réception et à sa municipalité qui a donné dans la circonstance l’exemple de l’union dont il parlait tout à l’heure.
M. Boutroux clôt la série par un toast aux agriculteurs.
Le feu d’artifice
De la fête officielle, il ne reste plus à voir que le feu d’artifice, dont les premières fusées commencent à rayer le ciel. On s’y rend musique en tête. Le temps très calme permet aux nombreux spectateurs de suivre avec intérêt les mille évolutions des gerbes de feu qui paraissent, s’étendent et s’éteignent devant les yeux ravis. Toutes les pièces ont bien réussi et le motif principal « la liberté éclairant le monde » a dignement couronné le tout.
Merci pour les deux articles concernant cet ancien comice.