Concours agricole à la Chapelle d’Angillon

Le 22 août 1897 restera une date mémorable dans les annales de La Chapelle-d’Angillon.
Pour la première fois, elle était appelée à organiser le Concours annuel du Comice d’Aubigny.
La faible population de la localité et le modicité de ses ressources pouvaient faire craindre que l’éclat de la fête ne s’en ressentit. Il n’en a rien été. Stimulée peut-être par l’exemple d’Henrichemont qui
a, l’an dernier, déployé un entrain si remarquable, la Chapelle a tenu à honneur de prouver qu’elle n’était pas moins dévouée au succès de son concours. La municipalité d’une part, des organisateurs officieux de l’autre ont imprimé le mouvement ; l’élan a été suivi par toute la population et, l’initiative individuelle suppléant à ce qui pouvait manquer d’ailleurs, on a réussi à accomplir des merveilles.

Le mérite de tous est d’autant plus grand que, la veille de la fête, une pluie ininterrompue a, toute la journée, arrêté les préparatifs commencés et qu’il a fallu, le matin même, faire des prodiges d’activité pour que tout soit prêt à temps. Heureusement, le 22, le ciel est superbe et un beau soleil va mettre en plein relief les travaux de décoration.

Le champ de foire

C’est sur le champ de foire, au bord de la Sauldre, dans la gaie verdure des peupliers, qu’est installée la partie principale de l’exposition : bestiaux, machines et produits agricoles. De l’autre côté du bourg, sur la route de Presly, se trouve le champ où se fera l’épreuve de labourage. D’une station à l’autre, il y a près d’un kilomètre, mais le chemin offre tant à voir qu’on ne s’aperçoit pas de la distance. Sur le parcours, une double rangée de sapins dessinent comme une avenue triomphale dans le vert sombre de laquelle tranchent les couleurs vives des serpentins semés à profusion.

Ligne de chemin de fer d’Auxy Juranville à Bourges

Les arcs monumentaux

Pas une maison qui ne soit festonnée de guirlandes de feuillages où s’entremêlent, dans un pittoresque arrangement, les verres de couleur et les lanternes vénitiennes. Des arcs monumentaux lancent au-dessus de la rue leurs voûtes fleuries où flottent drapeaux et banderoles :
l’un en face de la gendarmerie avec de sveltes piliers tout garnis de mousse, piquée de marguerites ;
 un autre, surmonté d’une figure symbolique de l’Agriculture, s’élève devant la mairie.
Un troisième, aux proportions colossales dresse son quadruple portique au croisement des routes de Bourges et de Presly.
Là-bas, dans une prairie à côté de la Sauldre. Le feu d’artifice élève sa charpente et promet une belle fête de nuit, après la fête du jour.

Le déroulement de la journée

Matin

Dès huit heures, les trains venant des directions de Bourges et d’Argent ont amené un grand nombre de personnes et c’est au milieu d’une foule déjà compacte que part le Cortège pour se rendre au champs de labour. La fanfare d’Henrichemont, qui est venue prêter gracieusement son concours, ouvre la marche ; les pompiers de Méry-ès-Bois, superbes de tenue, forment la haie. Les laboureurs guettent l’arrivée et commencent dès qu’est donné le signal. Parmi les concurrents les plus habiles, il convient de mentionner, dès maintenant, MM. Gorin, des Ruesses de Presly et Guymard, des Bonnins d’Ennordres, qui ont remporté chacun le premier prix de leur section : l’un avec un attelage de chevaux, l’autre avec une charrue à bœufs.

Le labour dure longtemps et il est onze heures quand le cortège est de retour à la mairie. Le Bureau du Comice s’y installe pour dépouiller le dossier relatif aux services ruraux. 17 cultivateurs pères de familles, 16 domestiques du sexe masculin et 7 du sexe féminin sollicitent des récompenses. Après examen des pièces, la Commission constate avec regret qu’aucune de ces dernières n’offre les conditions de temps ou de services exigés par le programme et qu’il n’y a pas lieu de décerner un seul prix. Par contre, du côté des hommes, la situation du plus grand nombre est tout particulièrement intéressante et les services méritoires ; aussi est-il décidé que l’intégralité de la somme non employée pour les femmes sera ajoutée aux primes à accorder aux hommes.

L’après-midi

Dans l’après-midi commence le rôle des divers jurys commis à l’examen des bestiaux, des produits et du matériel agricoles. Si ces deux dernières sections ne présentent rien de bien saillant il n’en est pas de même du Concours des animaux domestiques qui réunit, d’après les déclarations faites au secrétariat du Comice et à la mairie de La Chapelle, 828 têtes de bétail ainsi réparties :

Comme on le voit par ces chiffres l’exposition est sérieuse. Elle l’est d’autant plus que la qualité répond à la quantité ; beaucoup d’animaux sont fort remarqués, et sont, en effet, vraiment remarquables. Les connaisseurs s’arrêtent surtout devant les superbes spécimens de race chevaline présentés par les écuries des domaines de la Cour, des Dezommes, de Bel-Air, d’Ivoy-le-Pré; de Tillets d’Henrichemont ; de la Boulauderie d’Ennordres ; devant le non moins superbe taureau charolais amené par M. Jublot de Villegenon et devant les vaches normandes des frères Gorin de Presly.

Concours agricole du 22 août 1897 – Part II

Rédigé par

Jérome Lasne

Imprimeur depuis 1981 et adore les livres...