
En 1775 éclate la Guerre des farines. Entre révolte frumentaire et lutte des classes, c’est l’un des prémices de la Révolution française.
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La France du XVIIIème siècle est largement paysanne, et les céréales constituent la base de l’alimentation de la population, qui peut dépenser plus de la moitié de son revenu en pain, notamment chez les plus pauvres. Les autres aliments ne sont pas encore vraiment démocratisés.
Ainsi, le pays est sensible à de mauvaises récoltes qui peuvent plonger des millions de personnes dans la famine. En 1770, 1773 et 1774 des rendements faibles conduisent à une diminution des stocks de céréales dans le pays, bien que certaines régions s’en sortent mieux que d’autres.

« En cette année on a éprouvé, dans le pays et ailleurs une disette extrême dont on a commencé à ressentir les effets depuis 1767 et toujours en augmentant. Tout a été fort cher, les récoltes très modiques et sans qualité.
Le système des transports des grains dans les pays étrangers à jeter le peuple dans la plus affreuse misère.
Le vin fût vendu ici jusqu’à 24 soles la pinte, le seigle jusqu’à 24 livres le seytier – La marsèche 12 ou 14 livres, le sarrasin 8 à 10 livres et le froment jusqu’à 30 livres. Il a même été vendu cette année, une fois ou deux, 36 livres au marché d’Henrichemont. On a vendu du pain dont les chiens ne voulaient pas, on y a trouvé de la terre, des cendres , du son; le moins mauvais était celui dans lequel on mélangeait beaucoup de pommes de terre.
Plusieurs personnes ont succombé à cet excès de misère, mais on a regardé comme un trait de la providence, s’il n’en a péri pas davantage.
Il n’est pas possible que les choses restent sur le même pied longtemps, ou bien il faudra tout abandonner et laisser la culture des terres ;

la plupart des gens, n’ayant plus ni la force, ni les moyens de les cultiver, faute de nourriture.
Cette cherté des vivres et surtout des grains a excité et excite sans cesse des troubles dont les suites sont fâcheuses.
Telles sont les suites malheureuses d’un fait, qui peut-être louable dans son principe mais qui, par l’abus qu’on en fait, dégénère en vexation cruelle.
On regarde avec raison cette disette comme un fléau de Dieu irrité contre son peuple, mais on espère qu’il se laissera attendrir enfin sur ses maux et qu’il lui rendra les consolations dont-il a besoin, ne frappant que pour punir à leur tour les cruels ministres de ses vengeances qui, pour vouloir trop s’enrichir aux dépens des pauvres, par le grand amas des grains transportés, en ont plus laissé gâter ce jour qu’il n’en faudrait pour trier des provinces entières des portes de la mort.
On craint beaucoup qu’une misère, si grande et si longue n’influe sur la dépopulation, par cette raison qu’on ne peux pas passer impunément d’une extrémité à l’autre.
Dieu veuille apporter la paix, la tranquillité et l’abondance sur la terre, quoiqu’en disent tous les cruels ennemis de l’humanité.

PS : en regardant l’évolution de la population de la Chapelle d’Angillon,
Les recensements sont accessibles depuis 1836
Le maximum est de 884 habitants en 1861
Le minimum est de 610 en 2022