Bulletin Monumental, tome 106, année 1948.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1948_num_106_1_9795

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Le département du Cher possède plusieurs constructions, ou souvenirs de constructions, qui évoquent un âge contemporain de celui des premiers types de donjons de pierre que nous venons de décrire sommairement.

Donjon de la Chapelle-d’Angillon. – Le donjon de la Chapelle-d’Angillon est peut-être le plus ancien de ceux qui vont nous occuper. Raynal (1) donne des raison très solides qui permettent d’en attribuer la construction à Gilon de Sully, qui vivait dans la seconde moitié du onzième siècle, d’ailleurs son architecture le prouverait.
Au Xe siècle, une localité s’était déjà développée autour de la chapelle d’un ermite nommé Jacques, et elle était devenue importante. Aussi excita-t-elle la convoitise des Sully qui, des bords de la Loire, cherchaient à s’implanter en Berry.

En 950, Hercenaud de Sully s’emparait de ce point avancé sur son domaine et, au siècle suivant, Gilon le fortifiait, si bien qu’il reçut le nom de « Capella domini Gilonis ».
Le donjon de la Chapelle-d’Angillon est une lourde construction rectangulaire, dénuée de tours et de meurtrières. Il se dresse au-dessus de la route de Gien, qui conduit à Sully. Entre les murs, dont l’épaisseur diminue de la base au sommet, les salles intérieures ont une dimension de six mètres carrés et se superposent sur quatre étages couverts d’un plancher. Le dernier étage, qui date de plus tard, est fortifié par des créneaux et un chemin de ronde. Le rez-de-chaussée est le point de départ d’escaliers droits ou coudés qui desservent les pièces supérieures, mais se contrarient de façon à égarer celui qui n’en connaît pas les méandres et à conduire l’ennemi dans des culs-de-sac où l’on peut en avoir facilement raison. Le donjon de Loches contient de curieux exemples de ces chicanes. Signalons un long conduit acoustique qui permet de transmettre des ordres à tous les étages.

A l’extérieur, on retrouve la trace de fenêtres en plein cintre, qui ont été remplacées par des baies rectangulaires.
A l’est et au sud, il y a de semblables baies qui sont des portes, mais où l’on ne parvient qu’à l’aide d’échelles.
Si le donjon, appelé faussement « tour de Béthune », comme le remarque Buhot de Kersers (2), n’est pas l’œuvre de Gilon de Sully, mort vers 1100, on peut être certain qu’il fut construit au cours du onzième siècle.
Ajoutons que cette tour a été incorporée à un chateau construit, puis modifié pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles.


(1) Hist. du Berry, t.I, p.387.


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Rédigé par

Emmanuelle Toudert

École du Louvre. Guide touristique.
Licence des métiers de l'édition et des ressources documentaires.
Master Art-thérapeute.
Baptisée à La Chapelle-d'Angillon, le village de mes racines, en toute humilité je fais un retour à ma terre. "Humilité" = humus, terre.