archives-liveration-bourges_3385212 – Des soldats allemands capturés, le 6 septembre
Durant la période de temps qui s’est écoulée entre le 15 août et le 6 septembre, soit trois semaines environ, au cours desquelles le « nettoyage » des Allemands fut mené à bonne fin sur tout le territoire du CHER-NORD, on peut distinguer trois phases successives :
1°/ – Jusqu’au 21 août approximativement, une certaine panique se manifeste chez les Allemands, en particulier à BOURGES, qui pouvait laisser à penser qu’ils allaient évacuer immédiatement et sans combat la totalité de la région se trouvant au sud et à l’ouest de la Loire ;
2°/ – Entre le 22 et le 30 août, l’ennemi, paraissant se ressaisir, s’accroche à BOURGES, à VIERZON et ailleurs, y organise une défense au moins sommaire (canons anti-chars sur les routes, barrages, etc…) tandis que les colonnes hippomobiles et motorisées, ainsi que des trains de troupes, traversent à la cadence quotidienne de 5000 hommes et plus le département d’ouest en est vers la CHARITE et NEVERS ;
3°/ – Du 30 août au 6 septembre, la cadence des passages de troupes s’élève jusqu’à atteindre 15.000 à certains jours, les garnisons de BOURGES et de VIERZON procèdent aux destructions de dernière heure, puis finissent par s’en aller à leur tour. Le 6 septembre au soir, tout le territoire du CHER-NORD est entièrement libéré
J’avais dans la journée du 14 août, transmis l’ordre de guérilla générale aux secteurs du CHER-EST et de VIERZON. Il s’agissait, pour ces derniers, d’adopter immédiatement la formation « maquis », c’est-à-dire de faire sortir leurs effectifs des villes et villages, de les regrouper « dans la nature » en petits éléments mobiles, et de les faire travailler à cheval sur les principaux itinéraires Ouest-est empruntés par l’ennemi !
J’avais d’autre part, donné l’ordre aux deux maquis d’IVOY et de MENETOU de monter, à partir du 16 août toute une série d’embuscades permanentes sur les routes menant aux différents ponts de la Loire : COSNE, SAINT-SATUR, POUILLY et SANCERGUES, ainsi que sur la route nationale 140.
Enfin, le SANCERROIS avait été mis en état de « mobilisation générale » et chaque village s’était organisé aussitôt un système défensif propre avec rondes, patrouilles, postes de garde, etc…
Pour la clarté de l’exposé, je diviserai le récit de ce qui s’ensuit selon les trois phases indiquées plus haut.
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1°/ – Les premières embuscades, malgré l’inexpérience de la plupart de ceux qui y prenaient part, furent dans leur ensemble assez bien réussies. A cette date, l’ennemi n’était guère sur ses gardes. Il empruntait sans beaucoup de méfiance les grands itinéraires, notamment par petites colonnes isolées de camions, de voitures à chevaux ou de bicyclettes, sans leur assurer, comme il devait le faire une semaine ou deux plus tard, aucune protection avec des voitures blindées ou des chars. Parmi les opérations couronnées de succès durant cette période, il y a lieu de signaler :
– Dans le secteur de VIERZON, l’attaque d’un convoi et la destruction de 5 camions le 18 août, près de l’Etoile, puis dans la nuit du 18 au 19, de deux voitures légères sur la route de VIERZON à BOURGES. Une quarantaine d’Allemands sont mis hors de combat, dont au moins une quinzaine de tués !
– Dans le CHER-EST, le Lieutenant de la Taille, également dans la journée du 18 août, placé avec un groupe important en embuscade sur la route Nérondes – La Guerche, attaquait la queue d’un convoi motorisé ennemi et détruisait des voitures légères, un car et un camion lourd plein de troupes. La plupart des occupants, 40 à 50 environ, furent tués par le tir des F.M. ou à coups de grenades.
– Dans la zone desservie par le maquis de MENETOU, plusieurs petits convois motorisés allemands sont pris à partie : le 15 août, sur la route ALLOGNY-SALBRIS (4 camions, une dizaine de tués et blessés) ; le 19, sur la route de BOURGES à la CHARITE (2 voitures légères et un side-car détruits, 11 Allemands tués, plusieurs blessés) ; le 20 à FUSSY, sur la grand’route BOURGES-ARGENT (10 tués, 3 prisonniers).
– Enfin dans la zone du maquis d’IVOY, les 19 et 20 août, une série d’embuscades particulièrement bien coordonnées permettait la destruction à peu près totale d’un convoi hippomobile ennemi d’une centaine d’hommes et d’une vingtaine de voitures. Ce convoi avait d’abord été signalé vers 15 heures passant à la CHAPELLE-d’ANGILLON en direction de SANCERRE. Trois groupes du maquis d’IVOY partant à sa poursuite.
A 21 heures, un premier groupe tend une embuscade à la colonne ennemi à l’entrée de Sans-Beaujeu, 4 Allemands sont tués et 3 blessés. L’ennemi cantonne ensuite dans le village. Malheureusement une voiture légère d’un autre groupe, conduite par le Chef de section « MOULIN », qui ignorait la présence des Allemands à Sens-Beaujeu se présente en plaine nuit à l’entré de l’agglomération, et tous ses occupants sont sauvagement massacrés.Le 20 au matin, la colonne se remet en route à 7 heures. Aux abords de la côte de Bellechaume, sous un épais brouillard, les trois groupes d’IVOY embusqués ouvrent le feu à très courte distance avec 6 F.M.
– En dix minutes, environ 20 à 25 Allemands sont tués, ainsi que 3 chevaux. L’ennemi se regroupe à grand’peine, et abandonne 2 voitures ainsi qu’un important matériel. Il emporte cependant ses blessés. Une heure plus tard, le convoi est attaqué à nouveau en deux embuscades successives au bas de la côte de Bellechaume et près du carrefour de la route de BOURGES, par les groupes de village en Sancerrois (Bué, Sury-en-Vaux, Saint-Satur, Sancerre). 5 Allemands sont tués. Les survivants abandonnent encore 3 voitures (dont une cuisine roulante) et 6 chevaux, puis s’enfuient en direction de Bourges, où ils sont encore harcelés par la suite. Seuls, quelques rescapés réussissent à rallier BOURGES le lendemain.
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – pages 2 & 3
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 6 – deux zones : Maquis de Menetou & Maquis d’Ivoy
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 7 – les parachutages
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 11 – Réseau F.F.I. & F.T.P.
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 13 – Les F.F.I. à l’été 1944
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 17 – Les armes
• Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 18-19 – F.T.P. & F.F.I.
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