BOURGES n’était pas encore armée, pour les raisons que j’ai indiquées plus haut, mais la situation nouvelle créée par le mouvement généralisé de repli des Allemands à travers l’Ouest et le Centre de la France allait me permettre de demander enfin des parachutages à leur intention sur des territoires situés à proximité de la ville même.

Le Sancerrois, pays très vallonné, coupé de haies et de boqueteaux, avec un effectif organisé en groupe de village de 350 à 400 hommes armés au total (dont la moitié environ avec de vieux fusils de récupération) et une quinzaine de fusils-mitrailleurs, était en mesure de se transformer immédiatement en un vaste traquenard où les convois allemands seraient pris à partie presque à chaque tournant de route et d’où ils auraient bien du mal à sortir à peu près indemnes. Mais cette organisation uniquement prévue pour mener une guérilla tout à fait locale, n’offrait aucune mobilité, et je ne pouvais songer à y prélever des colonnes volantes destinées à opérer en dehors du secteur.

Par contre, les deux maquis du centre de département, celui d’IVOY et celui de MENETOU, avaient été prévus précisément dans cette intention : formé en petits groupes indépendants, d’une quinzaine d’hommes chacun (avec un ou deux FM par groupe), vivant en bivouac dans les bois ou dans les fermes abandonnées, montés sur bicyclettes (bientôt ils allaient être motorisés sur des voitures de tourisme et camionnettes réquisitionnées), les effectifs qui composaient ces deux maquis atteignaient à la mi-août environ 150 hommes pour IVOY et 200 hommes pour MENETOU.
Dans la guérilla qui allait commencer, il leur incomberait d’accrocher l’ennemi aussi bien sur les grands itinéraires latéraux à LAMOTTE-BEUVRON – AUBIGNY, ou ARGENT– SANCERRE, et SALBRIS – La CHAPELLE-D’ANGILLON, Les AIX – SANCERGUES, que sur la route nationales 140, traversant en ligne droite tout le milieu du département de BOURGES à ARGENT-sur-SAULDRE. Pour accomplir cette besogne d’une manière efficace l’armement et les effectifs ne manquaient pas, mais je ne pouvais oublier qu’il s’agissait pour les 9/10° de ces derniers, d’hommes et souvent aussi de gradés, n’ayant jamais fait aucun service militaire et que nous avions armés, organisés en groupes et expédiés dans leur zone d’opérations dans les trois ou quatre jours après leur arrivée au camp de triage.

Avec des troupes aussi peu expérimentée et aguerries, auxquelles le temps avait manqué de donner un minimum de cohésion et d’entrainement à la manœuvre, il n’allait naturellement pas être possible de se lancer dans n’importe quel genre d’opérations contre l’ennemi.

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Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – pages 2 & 3
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 6 – deux zones : Maquis de Menetou & Maquis d’Ivoy
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 7 – les parachutages
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 11 – Réseau F.F.I. & F.T.P.
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 13 – Les F.F.I. à l’été 1944
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 17 – Les armes
Mémoire des hommes – Groupement du Cher-Nord – Rapport du commandant Arnaud de Vogüé alias Colomb – page 18-19 – F.T.P. & F.F.I.


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Rédigé par

Jérome Lasne

Imprimeur depuis 1981 et adore les livres...