18/06/2024, 15:01 

Les Allemands sont arrivés, il était à peu près 6h45, et puis ils sont partis vers 7h30, ils ont fait trois tours du village, et nous, on était un petit peu déboussolé. 

Vous aviez quel âge, M. Bernagou ? 

Alors moi, je suis né en 34, et en 40, j’avais 6 ans. Par contre, mon frère qui était avec moi, avait trois ans de plus que moi. Lui, il restait à l’entrée du Moulin-Charbon, à l’entrée du Moquart, sur le chemin.

Juste en arrivant à Villlebouin, il y a « la taille », ce qu’on appelle la taille, sur le côté.

© Région Centre – Inventaire général, ADAGP

Quand les Allemands sont arrivés, je me souviens que ma tante Renée qui était en train de, comment on dit… ravauder des sacs de farine sur un banc devant la maison, nous a dit, allez vite vous cachez dans la taille, parce qu’ils vont nous bombarder.

En fait, c’est vrai qu’ils sont passés à ras de la maison, et ils ont tout de suite obliqué un petit peu vers la route de Mérié. Quand vous êtes au Moulin-Charbon, vous arrivez au bout, à rechercher votre chemin dans tous les sens. Et il y a surtout le chemin de retour. Mais le reste, c’est des anciens chemins. Alors, on s’est dirigés par là et je me souviens qu’à l ‘arrivée des avions et quand ma tante m’a dit ça, j’ai pris mes jambes à mon cou et j ‘ai couru vers la Taille pour être à l’abri. La taille était près du Moulin si c’était tombé sur le Moulin ça tombait aussi sur la Taille. C’est comme ça, et ensuite, ça n’a vraiment pas duré longtemps… faut pas croire, en trois tours, ils avaient terminé leur truc. C’était quand même des Stukas. Ces Stukas, ça bombille, ça tourne.

Alors, lui, mon frère, il restait à l’entrée du Moulin sur le chemin et il regardait. Moi, j’avais la trouille, je suis allé avec ma tante Renée, et je me suis caché dans la Taille. Ce qu’ils voulaient c’était passer sur la route de Vierzon. Sur la route de Vierzon il y avait du monde, bien sûr, mais très peu par rapport à ce qu’il y avait dans le bourg de la Chapelle. Le bourg de la Chapelle était plein de réfugiés qui venaient de l’Est, beaucoup, de Paris, de la Normandie, de la grande ville qu’il y a autour, et ma foi, une fois qu’ils ont fait leur tour, ils sont partis, parce que je pense qu’il y en a qui sont partis plus bas, vers le sud. 

Vous vous rappelez le temps qu’ils sont restés au-dessus ? 

Moi, je n’ai pas eu le temps, je n’ai pas eu le temps de dire, ils sont passés en moins d’un quart d’heure, en même temps, et ils n’ont même pas ralenti, ils ont même accéléré pour remonter et rejoindre la route de Vierzon. C’est ce qui les intéressait, parce qu’avec la route de Vierzon, ils aboutissaient en haut du village. Et à partir de là, ils ont tapé sur le bourg, sur le champ de foire, principalement. Et puis, il y a des petites roues d’auto. 

C’est la première personne de ma famille qui est venue à la chapelle, donc du Moulin-Charbon à la Chapelle, il y a deux kilomètres. Et c’est ma soeur, qui était plus âgée que moi, qui avait sept ans de plus que moi, et elle avait reçu une bicyclette, parce qu’elle avait été reçue au certificat, elle avait comme mission d’aller jusqu’au-dessus du champ de foire où il y avait monsieur Habert, qui faisait du pain, qui était boulanger. Mais M. Habert il avait pris ses affaires aussi, comme tout le monde et il était parti, donc elle est revenue presque aussitôt. 


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Rédigé par

Hortense Ray

J'ai choisi de me concentrer sur les défis concrets liés aux vols spatiaux et aux voyages aériens, plutôt que de simplement rêver de l'espace. C'est pour cette raison que j'ai préféré suivre la formation TEAM (Technologies pour l'énergie, l'aérospatial et la motorisation) à Polytech Orléans.