6 février 1938 page 4/8
Les journaux du Centre ont rendu compte, cette semaine du succès considérable obtenu à Londres par notre groupe d’études du folklore berrichon : Le Berry, dont le directeur fondateur est M. Pierre Panis, fils de notre excellent compatriote, l’écrivain Théodore Panis, dont nous parlerons tout à l’heure.
Mais sans doute n’est-il pas inutile de vous apporter quelques précisions sur ce groupe. « Le Berry », dont l’activité est en vérité remarquable.
Fondé il y a peu, l’une de ses premières manifestations officielle à l’étranger se fit en Allemagne, en 1935, à l’occasion des Jeux Olympiques. Son succès fut tel qu’il n’eut plus d’autre désir que de continuer.
D’ailleurs, l’invitation ne se fit pas attendre puisque l’année suivante, en 1937, la Kaft durch Freude (K. D. F.), c’est-à-dire « l’Office allemand des Loisirs pour les Travailleurs », conviait, par le truchement des Amis des Arts populaires (A. A. P.), nos compatriotes berrichons.
Les Amis des Arts populaires, de fondation plus récente que le groupe dont nous parions, font en quelques sorte action fédérative. Ils réunissent d’ores et déjà sous leur égide, sans que cela, il va sans dire, nuise en quoi que ce soit à l’autonomie absolue des groupes : « La Vendée », « La Corse », « Les Pays Basques », « La Normandie », « L’Ile-de-France » et « Le Berry« . Une nouvelle association vient de se fonder : « Paris et son folklore » qui promet d’être fort intéressante et va se joindre aux A. A. P. Ceux-ci, grâce à cette union, peuvent organiser des manifestations fort amples. Ils l’ont montré lors de ce dernier voyage en Allemagne en juillet 1937.
M. Louis Rebar, dans un article sur les A. A. P. paru dans « Cadre de Vie contemporaine », notait l’enthousiasme avec lequel ces groupements folkloriques furent accueillis en Allemagne. Il y eut vers eux un élan de la foule allemande tout à fait significatif : « …Dans les gares, écrit M. Rebar, de vieilles femmes ont pleuré en voyant arriver ou partir les Français. Leurs mains jointes et leur expression donnaient à leur présence toute sa signification : « Vous êtes là ! donc c’est la paix ! »
Nos lecteurs se souviennent peut-être d’impressions analogues que nous leur avons rapportées d’Allemagne et publiées ici-même en 1936, au cours de notre « Croisière en Baltique » (1).
On peut ainsi se rendre compte de la portée psychologique de ces groupements qui, de seul fait qu’ils font connaître par leurs costumes, leurs danses, leurs musiques, leur langage, le visage d’une Région, apportent en même temps, comme des rameaux d’olivier, l’air de la France.
Nous devons donc signaler à la particulière attention de nos compatriotes l’action généreuse de M. Pierre Panis, qui, avec son groupe, « Le Berry », fais beaucoup tout à la fois, et pour sa province, et pour la nation.
Composé de Berrichons authentiques « Le Berry » maintient la tradition. Traditions des légendes, des vieilles chansons, des coutumes, des costumes, mais tradition vivante aussi qui veut adapter aux loisirs d’aujourd’hui, le goût que nous conservons encore à nos jeux, nos danses, nos musiques particulières (2).
« Bon chien chasse de race », a-t-on dit. M. Pierre Panis, qui vient de conquérir, avec son groupe, le semaine passée, un succès considérable à Londres, est le fils du parait écrivain Théodore Panis qui, depuis toujours, est un folkloriste fervent.
Théodore Panis
M. Th. Panis est né à Pérassay, dans l’Indre, il y a quelque soixante ans, d’une famille dont bon nombre de ses membres appartenaient à l’enseignement. Notre compatriote entra, lui aussi, dans la carrière où il devait accomplir 43 années de services qui ne furent interrompues que par 34 mois de guerre…
M. Th. Panis qui mérite bien de la Petite Patrie, n’a pas, comme on le voit, négligé la Grande
Son œuvre de conteur, de poète, de sociologue fervent d’études traditionnelles, s’est répandue et se répand encore dans bon nombre de journaux et de publications locales.
Collaboration de qualité, qui a conquis à notre compatriote un nombre appréciable de lecteurs très fidèles.
Dans les « Feuilles du Bas-Berry » de notre regretté ami, le docteur Émile Quillon, nous avons noté une longue suite d’études qui seront souvent recherchées par les régionalistes. Citons ainsi celles que M. Th. Panis consacra à des auteurs de chez nous : « Michel Abadie », « Anatole Sainson », « Emile Vinchon », « Antoine Albalat », etc., etc. Dans des revues spécialisées, l’écrivain a décrit sa province au point de vue du tourisme et de la géographie. Nous eûmes ainsi de fortes pages sur « La Brenne », « Le Barrage d’Eguzon« , « Vue sur le Marché, etc.
Il ne faudrait pas négliger sous le couvert du didactisme de sa pensée, la fantaisie et la belle imagination du poète. M. Th. Panis est un auteur de nouvelles tout à fait distingué, et si nous gardons le souvenir de « Premier Amour » et de « L’Enfant perdu », nous signalons au cœur de tant d’autres, cette précieuse histoire corse, « Le Trésor de Lisa » qui vient d’obtenir le grand diplôme d’honneur au concours des Jeux floraux de Nice.
Nous ferons une place très spéciale à un remarquable roman : L’Oncle François (publié par « Les Feuilles du Bas-Berry »), et qui, sous une affabulation romanesque, est surtout un reflet de l’épopée traditionnelle d’une région.
« Tableaux de la vraie campagne, écrivait à son sujet le maître regretté Gaston Chérau, avec cette saine odeur du sol, ces histoires de braconniers et de bêtes, qu’il est impossible d’écrire quand on n’a pas vécu l’existence des champs ». L’œuvre qui se noue dans nos campagnes familières met en scène par la suite des évocations de la grande guerre qui sont de tout premier ordre et dont « l’angoisse retentit jusque dans les villages éloignés du front ».
L’Oncle François est un beau et grand livre, et nous devons souhaiter que notre compatriote nous fasse connaître bientôt aussi bien le nouveau roman qu’il achève, que ce recueil de poésies : « Les Fugitives » dont nous attendons beaucoup pour le peu que nous en avons lu dispersé dans les feuilles.
Portons donc une attention passionnée à la magnifique action conjointe dans leur diversité, du père et du fils, de Théodore et de Pierre Panis, folkloristes tous deux animateurs de Beauté.
De part et d’autre, de nobles résultats sont acquis et le Berry se doit de les enregistrer avec reconnaissance. Si notre province trouve de nouveaux échos non seulement au cœur de la Nation, mais en Allemagne, mais en Angleterre, mais en Hollande – et demain, où en aura-t-elle encore ? Il faut bien reconnaitre que, après d’autres (et je pense à Hugues Lapaire parmi nos contemporaine), c’est à Pierre Panis, c’est à Théodore Panis que nous le devons aussi. Nous ne le dirons jamais trop.
Raoul Toscan
(1) L’Écluse de Brunsbuttel (Dépêche du Berry, 8 octobre 1936).
(2) « Le Berry », centre d’études du folklore berrichon, 57, boulevard Victor, Paris XVe. M. Pierre Panis, directeur ; présidents d’honneur : Mme Aurore Sand et Hugues Lapaire.
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Bonjour Emmanuelle,
Merci de prendre ce temps de retranscrire en plus gros afin que l’on puisse bien lire les articles.
Une bonne nourriture positives 🙂
Il ne s’agit pas seulement de transcrire pour que ce soit plus lisible, mais l’Internet ne sait lire que les écrits. Le reste passe en image donc lorsque l’on monte une archive, dans laquelle on peut fouiller en mots-clés, les mots doivent-être accessibles. Bonnes lectures Béatrice.