La Chapelle-d’Angillon La commune va commémorer, dimanche, les événements du 18 juin 1940

Le terrible souvenir du bombardement

La commune de La Chapelle-d’Angillon commémorera, dimanche, le bombardement qu’elle a subi par des avions allemands le 18 juin 1940. L’Association Culturelle de la Chapelle-d’Angillon a mené des recherches sur ce jour funeste.

Pour la commune de la Chapelle-d’Angillon, la date du 18 juin 1940 n’est pas seulement celle de l’appel du Général de Gaulle. Elle est également, associée au terrible bombardement qu’elle a subi ce jour-là par des avions allemands au début de la Seconde Guerre mondiale.

Municipalité et associations, dont l’Association Culturelle de la Chapelle d’Angillon (ACCA), vont commémorer ce jour funeste, ce dimanche (voir encadré). L’ACCA a, d’ailleurs, effectué des recherches sur cet événement aux archives départementale du Cher.

Un rapport du maire au préfet

L’association a mené ce travail pour plusieurs raisons. D’une part parce que les archives ont été déclassifiées ; d’autre part parce que les témoins se font de plus en plus rares et qu’il ne reste plus qu’une vague transmission orale de ce jour funeste. Cependant, une mémoire traumatique, réactivée par les événements ukrainiens, s’est transmise aux descendants.

Les recherches effectuées par l’ACCA permettent de nous éclairer sur ce qu’il s’est passé ce jour-là, alors que de nombreux réfugiés, qui avaient passé la nuit dans la commune, fuyaient l’avancée des troupes allemandes. Les faits sont relatés notamment par le rapport sur le bombardement effectué par le maire de La Chapelle-d’Angillon de l’époque, au préfet du Cher :

« Le 18 juin vers 19 heures, une quarantaine de bombardiers arrivèrent en direction du nord à une altitude de 2000 m. environ. Ils dépassèrent légèrement le pays, le survolèrent en direction sud-ouest, nord-est et lâchèrent aussitôt leurs bombes en trois tours, le tout accompagné de rafales de mitrailleuses. Le bombardement dura 5 à 6 minutes environ et les avions repartirent en direction de la route 726 en bordure de laquelle ils lâchèrent le reste de leur chargement à 3 km de La Chapelle-d’Angillon. On peut évaluer à une centaine le nombre de projectiles tombés sur le pays, dont une cinquantaine de torpilles. Le champ de foire et la rue du château furent particulièrement touchés. Des incendies se déclarèrent aussitôt au garage Turpin et sur le champ-de-foire où une douzaine de voitures furent carbonisées, quelques-unes avec leurs occupants. »

« J’entends le ronflement des avions »

Des témoignages aussi, évoquent les événements de ce 18 juin. L’un recueilli, aux archives par Monsieur Christian Genete, émane de René Chenuet, un bûcheron âgé alors de 36 ans, décoré de la Médaille d’argent de deuxième classe pour actes de courage et de dévouement.

« A 18h 30, je me trouvais sur la digue de l’étang, qui, à cette époque n’existait pas, lorsqu’un enfant est venu me voir pour me dire qu’il y avait des gens dans la cour de chez Turpin. Je suis allé voir, mais il n’y avait personne si ce n’est Marcel qui rangeait ses affaires avant de partir. Je ne lui ai jamais demandé, mais je pense qu’il pensait que nous allions être bombardés. Son père était là aussi. Puis Marcel m’a dit : « Je vais rejoindre ma famille aux Landois, si tu veux bien fermer la porte derrière moi ? » Sa famille devait être en sécurité hors du village. Je restais avec le père Turpin qui me dit : « Puisqu’il en est ainsi, nous allons boire une bonne bouteille ! » Rentrés à la maison, nous avons pris le temps de boire un verre, lorsque j’entends le ronflement des moteurs d’avions.

« Tout autour de moi était démoli »

René Chenuet assiste alors au déferlement de bombes sur la commune. « Je me précipite dans la cour, et j’ai le temps d’en compter 19. J’en suis certain, c’était des croix gammées sur les avions. Je n’ai pas attendu plus longtemps, peut-être y en avait-il d’autres. Cependant j’ai vu un avion qui larguait son chapelet de bombes sur la pièce antiaérienne route de Neuvy…/…
Nous étions toujours dans la cave quand une bombe est tombée sur l’ancien bal. Elle a tout démoli. Peut-être y avait-il de l’essence, car le feu a pris dans les poutrelles. La cave a été défoncée au fond par un pont de voiture qui est tombé…/…
J’ai attendu quelques instants, mais comme je ne voulais pas me faire griller dans la cave, je suis sorti à mon tour. Là, j’ai constaté l’étendue des dégâts. Tout autour de moi était démoli. Le mur de séparation du Chêne Vert et du garage n’était plus qu’un amas de pierres. »

Le bombardement de La Chapelle-d’Angillon a causé la mort de plus d’une centaine de personnes.

Site internet. aclachapelledangillon.fr

Programme

Matinée. L’ACCA s’est associée à la mairie de La Chapelle-d’Angillon et l’association des parents d’élèves de La Chapelle-d’Angillon/Ivoy-le-pré pour cette manifestation.
A partir de 10 heures, dimanche, à la salle des fêtes : présentation de la journée, par Maurice Cauchie ; témoignages de Louis-Basile Chabin, par son fils Jean-Louis, et de René Chenuet, lu par Tarik Toudert ;
présentation des lieux bombardés sur un plan reconstitué par Jérôme Lasne, imprimeur ;
Le bombardement un traumatisme transgénérationnel par Emmanuelle Toudert, art-thérapeute ;
jeux de rôle sur la peur et les bruits par Eliza Christofi, dramathérapeute.
Restauration à midi avec food-truck

Après-midi. 15-17 heures : visites guidées pour situer des maisons dans le village ;
17 heures : conférence d’Alain Rafesthain historien de la Résistance dans le Berry ;
18h30 : commémoration à la stèle.

Enfants. A partir de 10 heures un jeu de pistes avec des images pour les enfants pour découvrir la commune.

Rédigé par

Emmanuelle Toudert

École du Louvre. Guide touristique.
Licence des métiers de l'édition et des ressources documentaires.
Master Art-thérapeute.
Baptisée à La Chapelle-d'Angillon, le village de mes racines, en toute humilité je fais un retour à ma terre. "Humilité" = humus, terre.