Naissance d’un village
Sans la venue dans notre région d’un grec, qui voulait vivre en ermite, le village et le château de la Chapelle n’auraient peut-être pas existé. Sur les conseils des moines de l’abbaye de Saint-Sulpice de Bourges qui avaient des ruchers dans la région, cet ermite, prénommé Jacques, s’installe près de la Petite Sauldre. Il construit un abri puis un oratoire pour prier. Les gens des alentours rencontrent cet homme très instruit et de bon conseil et le considèrent rapidement comme un saint homme.
Il meurt en 865, est inhumé dans son oratoire et ses fidèles viennent prier sur sa tombe. Les moines de Saint-Sulpice construisirent un prieuré où ils résident en permanence, puis une chapelle pour accueillir les pèlerins qui viennent prier Jacques l’ermite appelé aussi Jacques de Saxeau. C’est le début de la Chapelle Saint Jacques qui deviendra la Chapelle d’Angillon.
Tout cela se passe sur les terres de Gilon de Sully descendant des Vikings, qui en remontant la Loire, la Sauldre et la Petite Sauldre se sont approprié ces territoires au 10ème siècle. En juillet 1064, Gilon de Sully fait don aux moines de Saint-Sulpice, de la Chapelle et des reliques de Saint Jacques l’ermite, du droit de glandée dans toutes les forêts et d’y prendre le bois nécessaire à la construction de leur nouveau prieuré. Les religieux ont le droit de pêche exclusif dans les eaux qui leur sont assignées. Ils possèdent les fonds de cette terre avec tous droits de vente et d’imposition. La Chapelle d’Angillon est née.
La même année 1064, Gilon entreprend la construction d’une tour carrée qui sera le premier édifice de guerre tout en pierre et qui protègera toute la région. Ce donjon sera aussi le début de la construction du château de la Chapelle. Le village s’agrandit le long de la Petite Sauldre. Une muraille de protection de 2 m d’épaisseur et de 6 m de haut renforcée par des tourelles est construite. Il y a 4 portes d’accès dont une avec pont levis sur la rivière. Cette petite ville avait son Hôtel Dieu, ses étals de boucher, son marché et sa maladrerie. Il y avait près de la rivière, 2 moulins ainsi que des fours banaux et même une forge.
Dès l’année 1232, il existait la foire de Sainte-Croix au mois de septembre.
Rappelons que les biens des Sully comprenaient le Château de Sully-sur-Loire, le Château de la Chapelle, le Château des Aix d’Angillon, l’abbaye de Loroy qui fut la nécropole des Sully, l’abbaye de Noirlac et le Vicomté de Bourges.
Dans son roman « Le Grand Meaulnes », Alain-Fournier, qui connaissait bien son village natal, appelle la Chapelle d’Angillon « La Ferté d’Angillon », c’est-à-dire le village fortifié de Gilon.