La Brevée Chandie – Livret n°4 – avril 2013
Les rédacteurs : Jean-Claude Berniot, Claire Périer-Frison, Marinette Rafesthain, Maryse Richardière
Pages 4 à 9
Souces : Robert Chaton et Henri Talbot La Borne et ses potiers
Michel Pigenet, Ouvriers, Paysans nous sommes
Claude Pennetier, Le socialisme dans le Cher de 1871 à 1921
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Le croisement des diverses sources disponibles situe les bûcherons à l’avant-garde des travailleurs ruraux.
Jusqu’en 1835-1840, les grands propriétaires de bois exploitent eux-mêmes leurs coupes, soit directement, soit par l’intermédiaire de régisseurs et les ouvriers sont payés à la journée. L’intervention généralisée des marchands a fait disparaître, avant 1848, cette pratique au profit du paiement à la tâche. Le salaire varie avec le prix et la productivité du bois. On divise, pour la façon, les opérations en catégories multiples avec des rémunérations distinctes pour chaque travail : abatage, recépage, écorçage… On coupe la totalité du taillis sans réserver les chênes pour l’écorce, qui donne une bonne productivité pour l’ouvrier.
De 1860 à 1870, l’exploitation des bois se commercialise, et le marchant de bois apparaît. Il paie ses ouvriers par unité de produits façonnés, n’a avec eux, que des rapports temporaires et ne les connait pas. Au début de ce négoce, ces exploitants, peu nombreux, firent des opérations excellentes dans cette période de facilité commerciale qui suivit la guerre. Cette prospérité ne pouvait manquer d’attirer des convoitises. Les propriétaires, sollicités par différents demandeurs, confortèrent leurs prétentions.
A ce moment, la conjoncture générale prend une toute autre tournure, conduisant à la dépréciation du produit. La disparition progressive de l’ancienne sidérurgie berrichonne fait perdre un débouché traditionnel au charbon de bois. L’amélioration des moyens de communication semble lui ouvrir l’horizon commercial des grandes villes, notamment Paris, mais la tendance s’inverse irrémédiablement à partir de 1883 avec l’arrivée du gaz de ville et la concurrence de la houille. Ce rival fait céder également du terrain au bois de chauffage au niveau des débouchés locaux que sont les 189 poteries, briqueteries et usines de porcelaine recensées dans le Cher en 1890, ou encore des verreries. De même, dans les tanneries locales, l’utilisation des sels de chrome menace l’usage du tanin extrait de l’écorce de chêne.
A cette époque l’utilisation du bois était considérable, on s’en servait dans bien des métiers et faisait vivre beaucoup d’hommes.