par Pierre JACOUET

« Ce ne sera plus jamais comme avant… »
Cette petite phrase, entendue hier dans les rangs d’Anciens F.F.I. CHER-NORD, traduit bien l’étendue de leur peine, de leur désarroi, de leur angoisse même, à l’annonce du décès de M. Arnaud de VOGUE.
Certes, nous savions depuis quelques jours que, malgré toute la discrétion dont il s’entourait, celui qui fut et est resté « notre Colonel COLOMB » était aux prises avec de très sérieux ennuis de santé ; mais il avait déjà franchi tant d’obstacles, réussi des rétablissements si spectaculaires, que nous avions fini
par le croire invulnérable. Et nous espérions toujours…. Sentiments partagés par les anciens maquisards de tout le département, qui se souviennent de son action dans les moments décisifs. Il avait été, et demeurait pour nous tous, l’homme de l’union et de la solidarité, à travers tout ce qui était jugé par
d’autres difficile ou impossible.

Il émanait de sa personne une autorité bienveillante, persuasive, parfois imperceptible, qui n’avait pas besoin de sévérité pour s’imposer, et dont il faisait bénéficier sa seconde famille, les ANCIENS F.F.I.
Oubliant une situation qui, comme certains l’ont fait, lui aurait permis d’attendre tranquillement des jours meilleurs, il avait opté pour la lutte contre l’occupant et ses complices. Certaines de ses relations de l’époque lui servirent à créer et armer des maquis organisés couvrant tout le CHER-NORD et la ville de BOURGES.

On sait comme il était aimé de ses hommes dont le comportement, face aux colonnes ennemies, fut exemplaire.
Et ce n’est pas tout. Nous commémorions il y a quelques jours le 44ème anniversaire de la Libération de BOURGES. Rappelons que bien peu de Berruyers de l’époque se rendirent compte du danger auquel ils avaient échappé à cette occasion, grâce surtout à l’action du Colonel COLOMB. Au cours de difficiles réunions clandestines durant l’été 1944, réunions évidemment très dangereuses, auxquelles il se rendait à vélo, et avec l’appui du Commandant Jean-Baptiste MAGNON, il réussit à calmer l’impatience d’autres formations ou de petits groupes d’énervés, qui prétendaient entrer en force dans la ville, et à les convaincre de continuer à resserrer l’étau maquisard autour de l’agglomération berruyère, forçant ainsi
l’ennemi à abandonner peu à peu ce qui constituait sa place forte du Centre.

Avait été ainsi évitée une bataille de rues contre un ennemi supérieurement armé et entraîné, une véritable boucherie sans doute. Evitée aussi, grâce à une équipe d’ouvriers résistants de la section F.F.I. CHER-NORD de BOURGES, la destruction de l’usine d’explosifs, minée et piégée par les Allemands avant leur départ, une destruction qui aurait pu anéantir la moitié de la ville.
Autre résultat, et combien positif et durable : une réelle union entre diverses formations qui jusqu’alors s’étaient parfois opposées.
COLOMB, le RASSEMBLEUR, avait été ainsi, en quelque sorte, notre JEAN MOULIN.

Et le 6 SEPTEMBRE 1944 au soir, une affiche signée « COMMANDANT COLOMB – CHEF des F.F.I. du CHER » pouvait être placardée sur les murs de BOURGES avec cette conclusion :

"La journée que nous vivons restera un Souvenir inoubliable pour nous tous. Que la joie unanime de tout le peuple de BOURGES continue à s'exprimer dans le calme et dans l'union totale qui sera plus que jamais nécessaire demain pour le relèvement de notre pays appelé à reprendre dans l'Histoire la place que lui assigne son glorieux passé…"

Calme, union totale des Français, une place à reprendre dans l’Histoire. Tout un programme qui avait été le sien durant les années terribles. Et qui le demeura… Ainsi, le Colonel COLOMB fut l’un des trois Membres fondateurs du Comité d’Union de la Résistance, qui continue l’oeuvre entreprise en JUILLET-AOUT 1944.
Et l’Amitié et la Solidarité demeurent, parfois discrètes, mais efficaces parfois plus spectaculaires avec le Congrès annuel F.F.I. CHER-NORD, où se retrouvent à chaque automne les Anciens du CHER-NORD et des autres groupes F.F.I., dans une reposante et encourageante ambiance amicale.
 » Ce ne sera plus jamais comme avant…! » sans doute….
Mais nous continuerons, tant que nous le pourrons, à cultiver cette amitié, cette solidarité, en ayant toujours une pensée émue pour le grand Disparu auquel nous les devons.
Pour vous, chère Madame de VOGUE, qui êtes avec nous par la pensée, vous savez combien le Colonel aimait ses maquisards, et vous savez qu’ils le lui rendaient bien.
Nous souhaitons que leur tristesse vous aide à surmonter le chagrin qui est le vôtre et celui de toute votre famille.

Adieu, mon Colonel…


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Rédigé par

Jérome Lasne

Imprimeur depuis 1981 et adore les livres...