Communiqué par Mr Cravayat
Cher A11.II

…/… Comme les groupes de résistance qui conduisaient la guérilla étaient recrutés localement, ces représailles inhumaines les incitèrent à suspendre ou du moins à espacer leurs embuscades. Quelques-uns parlèrent même de cesser la lutte, à la vue des malheurs qu’elle attirait sur la tête de leurs compatriotes. Je dus intervenir avec énergie pour leur faire comprendre que l’intérêt supérieur du pays exigeait que les forces armées de la résistance dussent continuer à se battre, quels que fussent par ailleurs les dommages subis par la population civile.
Mais, comme il est naturel, la conduite du combat dans cette région s’en trouva néanmoins quelque peu ralentie.

Parallèlement aux embuscades proprement dites, le secteur du Cher-Est dans les derniers jours d’août poursuivit sur une grande échelle les destructions et sabotages de voies de communications. La voie ferrée de Bourges à Saincaize continuait à constituer, dans cet ordre d’idées, l’objectif principal. Vers le 30 août notamment, en vue d’empêcher le passage d’un train de prisonniers politiques que les Allemands évacuaient de Bourges, pendant deux jours de suite la vie sauta toutes les 6 heures.
(Malheureusement le train, fortement escorté, réussit tout de même à passer). Dans le bois de Bourrain un pont métallique fut détruit, et les Allemands l’ayant reconstruit avec des traverses, fut de nouveau saboté et incendié le lendemain.

Après le chemin de fer, l’objectif le plus important était représenté à cette date par les ponts sur la Loire et le canal latéral, par où les Allemands faisaient passer leurs colonnes en retraite. Pendant une semaine « Alex », avec une équipe spéciale, s’occupa à les mettre tour à tour hors de service. Des abatis d’arbres furent opérés sur la route menant la Charité, et 3 ponts sur le canal, dont celui de la gande route à la Chapelle Montlinard, furent détruite vers le 25 août, obligeant les Allemands à se détourner par de petites routes secondaires pour joindre le grand pont sur la Loire en face de la Charité. Au Guétin (route de Bourges à Nevers) et dans les environs, trois autres ponts étaient dynamités quelques jours plus tard, toujours sur le canal, mais les Allemands, réussirent à réparer assez rapidement celui de la grand-route. Puis « Alex » passa dans le Cher-Sud pour s’attaquer au pont de Mornay sur l’Allier. Ainsi la marche des convois allemands durant les derniers jours de leur retraite fut-elle entravée par tous les moyens en notre pouvoir.

Après le 1er septembre il devint évident que le départ définitif des derniers Allemands du Cher-Nord n’était plus qu’une question de jours. L’évacuation de la poche du sud d’Orléans commençait à s’achever. Le 2 septembre les derniers convois abandonnant la route de Sancerre descendaient en direction des Aix d’Angillon par Henrichemont et de Bourges par la route nationale 140 ;
une série d’engagements eurent lieu à la sortie d’Henrichemont un groupe du maquis d’Ivoy attaque une forte colonne de camions tuant plusieurs Allemands et faisant des prisonniers.
Sur la route 140, au nord de la Chapelle-d’Angillon le capitaine Louis des FTP attaqua un autre convoi lui infligeant des pertes. Il fut tué au moment du décrochage.

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Des parachutistes français, montés sur Jeeps, étaient arrivés dans la zone de Menetou-Salon et, le 4 septembre appuyant les forces des maquis ils contribuaient à l’attaque du groupe d’Allemands des Aix d’Angillon, ceux-ci après un vif combat furent chassés après avoir subi des pertes en hommes et matériel et laissé une vingtaine de prisonniers. Ce fut le dernier combat. Le même jour un fort détachement F.T.P. sous les ordres du Commandant RENAUDIN entrait à Vierzon. Enfin le 6 septembre les F.F.I. du Cher-Nord entraient à Bourges évacué par l’ennemi et dans la journée le 1er R.I. venant du Cher-Sud ainsi que les F.T.P. occupèrent la capitale du Berry, la libération du Cher-Nord était achevée.

Durant la semaine suivante de grosses colonnes allemandes continuèrent à traverser le Cher-Sud ; elles étaient harcelées par les forces du Colonel BERTRAND (1er R.I.) des détachements des maquis de Menetou, Ivoy, Châtillon sur Loire, les appuyèrent. Une série d’embuscades furent maintenues sur la route Dun-Sancoins, de vifs engagements eurent lieu. Le 12 septembre toutes les forces allemandes se trouvant encore sur le territoire du Cher-Sud, à l’Ouest de l’Allier, capitulèrent entre les mains du commandant américain. La lutte était terminée.

Le service de santé F.F.I. fonctionna de façon parfaite dans notre département malgré sa coupure théorique née de la ligne de démarcation. La « zone sud » plus favorisée par les circonstances prépara ses maquis et leurs services, de longue haleine et d’une façon plus approfondie.


Maurice Lostrie alias Alex : Officier parachuté spécialiste des sabotages. a lui sont dues les principales opérations de destruction du Cher-Nord.
• Robert Baronnet, le futur commandant F.T.P. « Renaudin »


Rapport du Commandant Magnon sur la Résistance dans le Cher – page 1
Rapport du Commandant Magnon sur la Résistance dans le Cher – page 3 – Transmissions
Rapport du Commandant Magnon sur la Résistance dans le Cher – page 7 – Guérillas et actions militaires
Rapport du Commandant Magnon sur la Résistance dans le Cher – page 9 – Les embuscades
Rapport du Commandant Magnon sur la Résistance dans le Cher – page 14 – le service de santé F.F.I.


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Rédigé par

Jérome Lasne

Imprimeur depuis 1981 et adore les livres...