

Né le 28 septembre 1927 au Vésinet, domicilié au Vésinet (Seine-et-Oise), massacré par les troupes allemandes le 25 juin 1944 à Thauvenay (Cher)..
Des jeunes de Thauvenay étaient sur la petite place, au bord de la rivière le dimanche 25 juin 1944. Un camion de soldats allemands de passage s’arrêta prétendant que les jeunes avaient fait un signe. Les soldats leur demandèrent de s’allonger pour contrôler les identités et un jeune ayant tenté de s’enfuir ils tuèrent les deux frères et firent prisonniers les autres.
Les soldats allemands allèrent ensuite au château de Thauvenay tuèrent cinq personnes dont Paul Jousserand, (et Roland Doucet, Robert Lavève, Lucien Maillard et Raymond Voyemont, un enfant de 7 ans), puis ayant surpris un maquisard venu voir sa fiancée qui se défendit en tuant un allemand, les soldats de la Wehrmacht brûlèrent le village.
Tous les dix ans, un hommage est rendu aux victimes du massacre de Thauvenay.
Voir Thauvenay (Cher) massacre du 25 juin 1944
Le destin d’un des fusillés du 25 juin 1944
Lucien Maillard était le cadet de deux ans de son frère Gaston. Il était né en 1917. Tous les deux n’avaient eu d’autre choix que de suivre le métier de leurs parents, dans le salon de coiffure du Vésinet, près de Paris. Ils avaient l’un pour l’autre un amour fusionnel et des goûts communs : la pêche, le sport, les sorties entre copains et les parties de cartes.
Lucien – à la différence de son frère resté au Vésinet car sa mère était devenue veuve en 1940 – avait accompli une carrière fulgurante dans les grands salons parisiens avant la ‘drôle de guerre’. Il avait été ait prisonnier dix jours après l’armistice, dans l’Orme, tandis que son frère avait réussi à atteindre le sud-ouest où il avait été démobilisé. La troisième tentative d’évasion de Lucien Maillard réussit grâce à l’hospitalité d’une famille de mineurs de Metz qui l’hébergea et lui prêta deux cents francs.
Lucien et Gaston Maillard, à l’automne 1940, rejoignirent l’un des premiers réseaux de résistance de l’ouest parisien : les Bataillons de la Mort, crées par Denis Dautun. Ce réseau fournissait des renseignements aux Britanniques sur les mouvements des Allemands dans les boucles de la Seine et sur les activités industrielles réquisitionnées par les occupants (usines mécaniques, d’armements et d’optique).
Entré ensuite dans le réseau Centurie – fondé par Alfred Touny et Gilbert Renault (alias Rémy) en liaison avec la France Libre et les services anglais –, Lucien Maillard pouvait aisément se déplacer en partageant son activité de coiffeur entre Vichy, où il recueillait des renseignements auprès de clientes telle que José Laval, et à Cannes où il dirigeait un autre salon.
Son frère Gaston, prévenu, par le secrétaire de mairie du Vésinet, qu’il avait été dénoncé, en 1942, à la Gestapo pour activités terroristes, s’était réfugié à Sancerre, à l’hôtel du Point du Jour et de l’Ecu, rue Saint-Martin, que tenait sa tante, Madame Berthe Josselin. Il s’intégra au groupe F.F.I. de Borocovitch (« P’tit Boro » pour ceux qui ont connu le modeste et discret carrossier de Fontenay qui avait été arrêté, torturé et déporté en mars 1944) dont la tâche essentielle consistait, avant le 6 juin, à récupérer, sous les ordres du colonel Colomb (Arnaud de Vogüe), les parachutages de containers d’armes.
Le 25 juin 1944, à la suite d’un enchaînement de circonstances inexpliquées, Lucien fut arrêté par les Allemands sur la route de Thauvenay. La veille, un de ses amis de Vichy, qui se rendait à Paris, l’avait convaincu de l’accompagner jusqu’à Tracy. Lucien Maillard décida de se rendre à Sancerre pour voir son frère aîné. Lorsqu’une alerte aérienne, à Pouilly, immobilisa le train, il continua à pied. Il était heureux à l’idée de retrouver son frère. Avant de marcher vers son destin, il cueillit des cerises qu’il distribua à tout le compartiment.
Après le drame de Thauvenay, c’est à Bourges, prévenu par un commissaire de police, que Gaston Maillard put identifier le cadavre défiguré de son frère. Madeleine Maillard, sa mère, garda jusqu’à sa mort en 1956, cette photo sur elle.
René Denis, dit Dautun, fondateur des « Bataillons de la Mort » le 24 juin 1940, mouvement auquel appartenaient Gaston et Lucien Maillard, écrivit le 31 mai 1945 au général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République :
"A cette époque de la première heure, nous ne connaissons pas, il est vrai, sauf quelques rares exceptions, la plupart des organisations dont on parle aujourd'hui. Par contre, nous ne connaissons bien quelques-unes animées du patriotismes le plus authentique, dont aujourd'hui on ne parle plus (…). Dans l'apaisement de la victoire, nous regroupons nos survivants. Combien en reste-t-il ? Nous étions trente mille en 1942. Aujourd'hui on les ignore…"
Lucien Maillard, son neveu (25 juin 2014)