
Né le 6 avril 1919 à Crézancy (Cher), exécuté le 16 août 1944 à Saint-Germain-du-Puy (Cher) ; instituteur ; militant des Jeunesses communistes ; commandant des FTPF dans le Cher ; résistant.
Fils du militant communiste de Crézancy : Augustin Girault, Julien milita aux Jeunesses communistes dès l’année 1934 alors élève au Cours complémentaire de Sancerre. Il entra à l’École normale d’instituteurs de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1937 où il organisa les Étudiants communistes. Julien Girault, réformé, ne fut donc pas mobilisé. En 1940, il fut nommé d’abord à Malaunay (Seine-Inférieure) puis enseigna dans le Cher, en octobre 1941 à Jouet-sur-l’Aubois et en octobre 1942 à Ignols près de Nérondes.
Julien Girault s’était marié en 1940 avec Alice, Marie Agoyer, le couple eut un fils.
Le jeune communiste militait clandestinement depuis son séjour à Malaunay.
Julien et Alice rejoignirent en 1941, le Front National de lutte pour l’indépendance de la France :
« nous rédigeons à la main des tracts, des affiches pour éclairer les patriotes de la région et les appeler à lutter contre l’occupant nazi. Nous acheminons, nous-mêmes, à bicyclette, ces éditions clandestines, les jetant dans les cours, parfois les glissant sous les portes » témoigna Alice.
Le 1er mai 1942, ce sont des petits drapeaux tricolores et des tracts collés sur les mairies et les écoles du bassin de Beffes. Le couple Girault s’entoura de résistants instituteurs, Raymonde et Fernand Sochet, Bernard Dutout et Maurice Pinson. Le matériel clandestin était transporté dans le landau du bébé Girault. La complicité des secrétaires de mairie instituteurs lui permit d’obtenir une fausse carte d’identité au nom de Jean, Lucien Gallet, employé de commerce. Il participa à des sabotages ferroviaires avec Antonio Balthazar, en février 1942 et mars 1943.
Entré dans la résistance armée, l’instituteur demanda un congé en octobre 1943 et prit le maquis exerçant tour à tour les responsabilités de commissaire adjoint aux effectifs à la direction départementale des FTPF et de commandant régional sous le nom de « Maxime ». Il réorganisa les troupes, les disciplina, les arma. Sous sa direction, les forces armées passèrent d’une centaine d’éléments à quinze cents hommes qui occupèrent Bourges le 6 septembre 1944 et formèrent le 1er régiment populaire du Berry.
En juin 1944, Maxime créa le journal En Avant, organe bi-mensuel des FTP du Cher relatant les actions menées contre les occupants et les collaborateurs.
Au printemps, les rapports entre le commandant FFI « Colomb » Arnaud de Voguë, nommé en avril 1944 (Cher-Nord) et le commandant « Maxime » s’étaient tendus ; l’intégration des FTP du Cher-Nord dans les FFI n’aboutit pas. Dans une lettre du 12 août, de retour d’une réunion orageuse, Maxime après avoir dénoncé les nombreuses promesses jamais tenues ( fournitures d’armes, responsabilités) écrivit : « cet état de chose est particulièrement dégoûtant ». L’organe des FPTP En Avant daté du 15 août, fit une vigoureuse mise au point réaffirmant l’appartenance des FTP aux FFI. De son côté, Arnaud de Voguë écrivit en 1946 : » Après le 6 juin, il est possible que cette intégration des FTP aurait pu être obtenue si des ordres impératifs dans ce sens avaient été donnés par ce mouvement à ses dirigeants locaux. Il ne semble pas que cela ait été le cas, ou du moins les ordres ne furent pas reçus en temps utile par ceux qui avaient le pouvoir de les exécuter dans le département du Cher. »
Julien Girault n’assista pas à cette victoire.
Le 15 août, Julien Girault et Pierre Jacquet participèrent à une réunion de l’état-major départemental des FFI dans un bois sur la route des Aix-d’Angillon, puis revinrent ensemble jusqu’à la route de Bourges à La Charité, commune de Saint-Germain-du-Puy.
Le 26 août, un berger retrouva, derrière une haie, son cadavre mutilé et portant aux poignets des menottes françaises.
La presse communiste de la Libération supposa qu’il était tombé dans un guet-apens et avait été fusillé par les Allemands.
Accusé d’avoir assassiné Maxime, un FFI vierzonnais fut arrêté et exécuté par les FTP après la Libération. Arrêtés à leur tour pour cette exécution, trois FTP furent emprisonnés puis jugés par le tribunal de Lyon en juin 1954, ils bénéficièrent d’un non-lieu faute de preuves.
Le dirigeant communiste Marcel Cherrier et l’historien Michel Pigenet soulignent le mystère qui entoure la mort de « Maxime » : « Jusqu’à aujourd’hui les conditions de la mort de ce jeune militant de valeur n’ont jamais été éclaircies. » En effet, les rapports de gendarmerie conservés par sa veuve, Marie Girault, permettent d’écarter l’hypothèse d’une exécution par l’armée allemande ou la Gestapo.
Le mystère reste entier.
Julien Girault a été élevé au grade de lieutenant-colonel.
Son nom est inscrit à Bourges sur la plaque commémorative apposée par la Fédération communiste du Cher rue Théophile Lamy.
Ce qu’écrit Alain Rafesthain dans « 1944 … Et le Cher fut libéré » (p.248) : » Julien Girault (« Maxime »), commandant départemental des FTP, part visiter ses groupes. A l’exception des assassins, personne ne le reverra vivant et ce n’est que 11 jours plus tard, le 26 août vers 11 heures 30, qu’un jeune berger de 17 ans découvrira son cadavre derrière une haie vive, sur la commune de Saint-Germain-du-Puy, au long de la route de Sancerre, à un kilomètre environ de la route de La Charité ».
» La mort remonte à plusieurs jours puisque le corps se trouve dans un état de décomposition avancée … Le crâne a été défoncé, sur le côté droit, à l’aide d’un instrument contondant ; le poignet gauche est enfermé dans une massenotte de marque « La Policière ». L’avant bras droit semble avoir été déchiqueté par un animal… » Ces détails figurent dans le rapport de gendarmerie de l’époque.
Dans son action dans la Résistance, Julien Girault va créer en juin 1944, un journal « En Avant », journal clandestin qui sera diffusé dans tout le département à partir d’Ignol.C’est donc un résistant de la première heure, et d’une grande efficacité qui meurt vers le 15 août 1944, assassiné.
Ce qu’écrit le Commandant Colomb sur « Maxime » :
https://www.encyclopedie-bourges.com/Maxime_commandant.htm
"Un de mes premiers soucis, dès que me fut confié la tâche de constituer les FFI dans le Cher-Nord, avait été d'entrer en contact avec les dirigeants FTP.Au début de mai, (1944) par l'intermédiaire de "Daniel", je pus ainsi rencontrer un des principaux "responsables militaires" de ce mouvement dans le Cher, qui se faisait nommer "Maxime". Par la suite je devais continuer à le rencontrer environ une fois par semaine jusqu'à la fin de juillet.Malgré la multiplicité de ces contacts, le problème de l'intégration des FTP du Cher-Nord dans les FFI ne fut malheureusement pas résolu....J'avais proposé à "Maxime" de réserver à des représentants FTP deux places dans l'état major départemental et deux postes de chef de secteur sur les cinq que j'envisageais de créer dans le département.Mon intention avait été de confier ainsi aux FTP, le commandement des secteurs de Bourges et de Vierzon, où je n'avais pas encore pris contact avec "Robin" ni avec "Stag".
Si Pierre Jacquet va donner 30 ans plus tard plusieurs éléments, dont celui de dire « que Maxime n’a pas été tué par les Allemands ou la Milice », mais sans donner le nom de l’assassin ni les commanditaires.