Conférence sur les manufactures de dentelle de Colbert

L’histoire de la manufacture de Bourges
Par Nicole Ovaere-Raudet

Dimanche 22 septembre 2024 à 14 heures

Salle des fêtes de la Chapelle-d’Angillon

« Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions »

L’auteur du livre sur les manufactures de dentelle de Colbert, Nicole Ovaere-Raudet, explique les motivations financières et économiques ayant amené Louis XIV et Colbert à créer des manufactures de dentelle, dont celle de Bourges. Ensuite l’histoire de chaque manufacture est expliquée.

Itinéraires

La dentelle n’existe pas avant le 16ème siècle. L’origine de la dentelle serait turque avec les Oya qui sont des enfilades de nœuds. Avec l’arrivée des Ottomans la technique passe à Gênes et à Venise. S’il existe deux types de dentelle, au fuseau et à l’aiguille (le crochet, la frivolité ne sont pas considérés comme une dentelle), Nicole Ovaere-Raudet nous parle essentiellement de la dentelle à l’aiguille (passement).

Au 17ème siècle, la mode de la dentelle devient une folie.

En France, à la suite des guerres de la Fronde, la situation financière est précaire. Il devient important pour les gouvernants d’éviter la fuite de l’or hors des frontières. Trois produits sont particulièrement surveillés : les armes, les miroirs et les dentelles.

Colbert choisit une autre voie : il créé les manufactures de dentelle en 1665-1666. Ces manufactures ont le monopole de la vente de dentelle en France, l’importation de l’étranger est interdite (cette interdiction est difficile à faire respecter car les commerçants veulent au moins écouler les stocks existants). Accessoirement, ces manufactures ont pour but de concurrencer Venise et les Flandres ainsi que d’occuper les sujets français !

A Bourges, la manufacture s’implantera dans l’Hôtel des Échevins (actuel musée Estève). Madame Maréchal sera Maîtresse dentellière.

Réseaux

Les filles sont incitées à venir travailler dans ces manufactures où elles sont payées, ce qui représente une rupture majeure avec le mode de travail de l’époque qui se réalise à domicile. Cependant, la résistance est forte : d’abord, ces filles ne peuvent plus tenir la maison et faire les tâches qui leur incombent, et puis il devient difficile de trouver des bonnes et puis aussi, toutes ces filles dans un bâtiment fermé sous la direction d’un homme…

Elles seront néanmoins une soixantaine à Bourges et jusqu’à 300 à Auxerre ou à Reims.

La fabrication d’une dentelle requière dix opérations mais chaque dentellière est spécialisée et ne réalise qu’une seule opération. La division du travail permet de mieux conserver le secret. Le choix de Bourges, qui n’a pas de tradition dentellière particulière, s’explique par sa position géographique entre Aurillac et Alençon où sont probablement réalisées les opérations les plus délicates.

© Marie Geneviève Baudimant

La technique est très longue à acquérir pour trouver le bon geste. C’est ce qui justifie la durée du monopole de 9 ans et correspond à la période de formation des apprenties. Au bout des 9 ans, le monopole n’est pas renouvelé, les apprenties formées dans les manufactures essaiment dans les ateliers privés. A Bourges, les échevins récupèrent leur palais en 1677. Pendant ces 9 ans, ces filles auront appris la meilleure technique, le soin et la propreté apportés dans la réalisation.

Le résultat est la création du « point de France » (par opposition au point d’Angleterre) qui devient la dentelle la plus recherchée et la plus luxueuse. C’est une maille picotée hexagonale, très souple mais qui nécessite une journée (de 10h) pour réaliser 2 cm2 de dentelle !

Aujourd’hui le point de France se perpétue à travers le point d’Alençon qui vient d’être inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco. Cette continuité sur tant de siècles doit beaucoup aux Sœurs de la Providence d’Alençon qui ont perpétué la tradition même si la qualité du lin d’autrefois n’existe plus et si les aiguilles disponibles ne sont plus aussi fines.

Connexions

Actuellement il existe deux ateliers nationaux :

l’un à Alençon pour la dentelle à l’aiguille ;

Le point d’Alençon est une dentelle faite à l’aiguille et à la main, en fil de lin et, plus récemment, en coton d’Égypte. Implantée sur le territoire alençonnais, la dentelle se développe grâce à la protection accordée par Colbert, à partir de 1665, pour la création de manufactures dans une vingtaine de villes du royaume afin d’imiter le point de Venise. Pratiquée de génération en génération d’abord chez des ouvrières indépendantes, puis par des religieuses, et finalement dans une école dentellière soutenue par la Chambre de commerce d’Alençon, cette technique ancestrale est transmise au sein d’un atelier basé à Alençon (Orne) mais rattaché, depuis 1976, au Mobilier national.

Le point d’Alençon n’a jamais muté vers le fuseau ou la machine et ne peut se faire qu’à la main. 

l’autre au Puy-en-Velay pour la dentelle au fuseau

(plus tourné vers le contemporain). Rattachés au Ministère de la Culture, ils œuvrent dans le cadre du Mobilier National.

Ce musée n’est pas seulement un lieu pour admirer de belles œuvres de dentelle, c’est aussi un gardien du patrimoine culturel de la région. Il raconte l’histoire de la dentelle au Puy en Velay, mettant en lumière son importance dans la vie des habitants depuis des générations.


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Rédigé par

Colette Guyon

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