Commission des dégâts :
Afin de sauvegarder les intérêts des sinistrés et pour aider à l’accomplissement des formalités administratives, une commission des sinistres a été constituée comme suit :
M. Auchère, Maire : Président
M. M. Morard : Vice-Président
M. Auchère Eugène : Vice-Président
M. Guilloteau, Notaire : Secrétaire
M. de Robert, Instituteur honoraires : Secrétaire
M. Rousseau, Industriel : Membre
M. Guillon Armand : Membre
M. Millet Camille : Membre
Rapport sur le bombardement de La Chapelle-d’Angillon à Monsieur le Préfet du Cher – III
18/06/2024, 15:33
Je suis de la famille d’un instituteur qui était conseillé municipal à cette époque-là, Émile de Robert, qui était secrétaire de la commission des dégâts. Il a signé le rapport sur le bombardement au préfet du Cher, et c’est une personne qui m’a beaucoup marquée.
Pourquoi ? Il a fait la première guerre mondiale, comme plein de gens ici, et, lui, il est rentré. Donc c’était une personne qui ne parlait pas parce qu’il avait ce problème d’être un survivant de la Première Guerre mondiale. Son beau-frère, Pierre-Paul Begon, son cousin Albert Gagnières, y étaient mort, en fait dans notre famille ça a été une hécatombe. Ici à la Chapelle il y a eu plein de morts, et donc il ne parlait pas beaucoup.
Il était donc conseiller municipal, et en 1940 : c’est lui qui s’est occupé de mettre à disposition des locaux pour les blessés, donc déjà toute sa maison. Il a fait déménager sa famille. Il se sont tous retrouvés dans la partie de la maison réservée aux communs et la grande maison a été aménagée pour mettre les blessés, qui sont restés là pendant un petit moment. Quelques jours auparavant, la maison avait été réquisitionnée par l’Etat-Major allemand pour les officiers. Ma grand-mère disait que les planchers en chêne étaient increvables alors qu’ils avaient supporté éperons, fers et cirage des bottes allemandes.
Emile de Robert est allé ramasser, et ça il en parlait, il est allé ramasser les blessés sur le champ de foire. Et vraiment il a été traumatisé, et après c’était quelqu’un d’apathique. C’était un grand traumatisé, et on ne parlait pas de tout ça, mais ça transpirait. Là où j’en ai appris le plus sur lui c’est à son décès car il est mort brulé parce qu’il fumait son cigare dans son fauteuil Club et il s’est endormi. Le fauteuil est resté longtemps, ou ce qu’il en restait, sous le hangar de l’ancienne scierie. Il y a quand même des destinés, qui sont assez curieuses. Voilà, ça, c’est un souvenir de famille. Bon, évidemment, ma grand-mère me parlait du bombardement parce que la famille est intervenue pour aider les gens, c’est les maisons en face de la mairie. Ma grand-mère et ses deux filles ainsi qu’une tante et ses trois garçons étaient partis à Bel air. Elle revenait pour aider et elle a dû faire face à un officier qui avait pris une poupée destinée à ma tante née en mars 1940. Il voulait envoyer la poupée pour sa fille en Allemagne et ma grand-mère lui a dit non. Elle avait aussi prélevé des vêtements pour un bébé de l’exode qui était nu sur le champ de foire.
Il y a quelque chose pour moi, personnellement, parce que quand je vous demande : qu’est-ce que ça touche dans votre vie ? même des générations, après ça touche toujours. En ce moment avec la campagne pour isoler les maisons, il faut changer les vitres, mettre des doubles vitrages. Dans les vitres qui sont sur la maison, en face de la mairie, il y a des bulles. Qu’est-ce qui s’est passé pendant le bombardement ? Toutes les vitres de la Chapelle, celles de tout le monde, les vitres sont tombées, et après, les matériaux qui sont arrivés pour changer les vitres n’étaient pas de très bonne qualité. Donc dans le salon qui donne sur la rue les vitres sont toujours bullées. J’ai un truc avec ces bulles qui sont liées au bombardement.
Bombardement de La Chapelle-d’Angillon – 18 juin 1940
Témoignage – transcription du témoignage de Jean Bernagou – 18 juin 2024
Témoignage – transcription du témoignage d’Alain Desmoulières – 18 juin 2024
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