À l’invitation de l’association le Tourne-Livres, l’ancien professeur d’histoire, André Oliva, propose un exposé sur l’évolution de l’enseignement primaire en France, du XVIIe au XIXe siècle.
Photo © Marie-Claire Raymond

Publié le 13/02/2024 à 12h00

Pour André Oliva, ancien professeur d’histoire à Bourges et ancien de l’INRP (*), ce qui fait reculer l’illettrisme en France à la fin du XVIsiècle, ce sont trois facteurs.

« D’abord l’imprimerie, explique celui qui a enseigné au collège Saint-Exupéry à Bourges. Avec l’imprimerie, les prix des livres baissent. Ils sont encore trop chers pour le commun des mortels, mais eux ont accès à des feuilles imprimées largement diffusées et au colportage. Ce qui favorise l’alphabétisation, c’est aussi la Réforme protestante qui incite les fidèles à lire directement les textes religieux, et la contre-réforme catholique qui incite les fidèles à s’imprégner des livres pieux. Enfin, l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, en faisant basculer les actes juridiques et notariés dans le français, est une incitation à lire cette langue. »

Sous le règne de François Ier, on estime que 5 à 10 % des Français savent lire. « L’aristocratie, la noblesse, mais pas toute, les moines sauf les convers, l’administration royale, les marchands… »

L’alphabétisation progresse au XVIIe et XVIIIe siècle. « On le voit aux actes de mariage, si les conjoints signent avec leur nom ou une croix. » À l’époque, on sait davantage lire en ville qu’à la campagne, les hommes savent davantage lire que les femmes.

La Révolution, via Nicolas de Condorcet, a un projet d’enseignement primaire gratuit et universel (pour les filles comme les garçons), mais ne le mettra pas en place. Napoléon s’occupe du secondaire. « Au XIXe siècle, l’enseignement primaire continue comme sous l’Ancien Régime », détaille André Oliva.

Le point de bascule, c’est la loi Guizot de 1833, l’acte de naissance de l’école primaire publique. « Chaque commune ou groupement de communes doit avoir une école de garçons. On doit créer une École normale par département, poursuit le conférencier. Ce système fonctionne, et petit à petit, l’école communale se développe. Les Écoles normales font progresser le niveau des enseignants. »

Avec la IIIe République, des lois renforcent ce système. « La IIIe République instaure le principe que l’enseignement est un droit fondamental pour les enfants. Il doit être gratuit et obligatoire pour tous. Et il doit être laïc. Il y a une extension des matières enseignées. On diminue le français au profit de l’histoire-géographie, des sciences naturelles. La disparition de l’enseignement religieux libère des heures. Le jeudi est libre, afin que les parents puissent choisir de donner une instruction religieuse à leurs enfants. »

L’enseignement a expérimenté plusieurs méthodes pédagogiques. « La méthode la plus spontanée, c’est l’enseignement individuel, détaille André Oliva. Il y a eu ensuite l’enseignent simultané, qui permet d’enseigner à plus d’élèves. Qui demande des tables, des bancs, le même livre pour tout le monde et des horaires. La troisième méthode, née au début du XIXe siècle et vite abandonnée, est l’enseignement mutuel. On y apprenait la lecture et l’écriture en même temps. Cela a survécu. »

Marie-Claire Raymond

(*) L’Institut national de recherche pédagogique a été dissous en 2011.


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Rédigé par

Anne Bizouerne

Relieure