« Ce que nous avons fait, c’est plus que ce l’on pouvait demander à des hommes, et nous l’avons fait. »

Maurice Genevoix – Sous Verdun

Août – Octobre 1914 – Préface d’Ernest Lavisse – Librairie Hachette et Cie – 79, Boulevard Saint- Germain – 1916

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PRÉFACE

L’auteur de ce livre, Maurice Genevoix, est un normalien ; élève de seconde année, il venait d’achever une étude sur Maupassant, et il attendait tranquillement les vacances, en juillet 1914 ; un mois après, il recevait le baptême du feu, et de quel feu !

Il nous apporte un témoignage précieux sur la guerre.

D’abord, l’écrivain est doué d’une étonnante faculté d’observation ; son regard voit tout, son oreille entend tout. Son attention intense saisit tous les détails qui se fondent et s’harmonisent comme dans la réalité de la vie : le chant ou le sifflement des balles, les bruits divers des obus ; les éclatements, les écroulements ; — toutes les notes de l’infernal tintamarre; les souffles qui passent, souffles des explosions, souffles qui ont caressé les cadavres et dont « l’odeur épouvantable épaissit l’air nocturne » ; physionomies des hommes saisies aux moments critiques, leurs propos, leurs dialogues ; enfin, physionomies des choses, car toujours les actions s’encadrent dans les aspects du sol et du ciel.

Mais le mérite principal du livre est la sincérité de l’écrivain.

Maints récits qui circulent, de joyeux échos des tranchées, la publication de lettres gaillardes soigneusement choisies entre des centaines de mille ; les précautions de la censure ; peut-être, chez les non-combattants, l’obscur désir de ne pas trop humilier leur inaction et leur bien-être par le contraste des souffrances et des horreurs ; une volonté de mettre les choses au  moins mal possible ; le penchant à se satisfaire d’une idée simple, par exemple de tout expliquer par l’héroïsme de chacun à chaque instant, un héroïsme global continu ; enfin le ton de la presse, la banalité de son optimisme, tout cela contribue à l’imagination d’une guerre adoucie, d’une guerre édulcorée, où les bons moments abondent ; et je sais que ce travestissement indigne et révolte les combattants.

Or un événement comme cette guerre vaut que nous le connaissions dans toute sa vérité.

Par Jean Norton CRU

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En 1949 ont été rassemblés sous un même titre, Ceux de 14, cinq récits de guerre que l’écrivain Maurice Genevoix avait publiés précédemment :
Sous Verdun (avril 1916)
Nuits de guerre (décembre 1916)
Au seuil des guitounes (septembre 1918)
La Boue (février 1921)
Les Éparges (septembre 1921)
Ces récits relatant son expérience au front, figurent au premier plan des témoignages publiés sur la Première Guerre Mondiale.

1916. Maurice Genevoix et Henri Barbusse, deux poilus pour un Prix Goncourt

Envoûté par la Sologne, Maurice Genevoix est entré le 11 novembre 2020 au Panthéon

Rédigé par

Emmanuelle Toudert

École du Louvre. Guide touristique.
Licence des métiers de l'édition et des ressources documentaires.
Master Art-thérapeute.
Baptisée à La Chapelle-d'Angillon, le village de mes racines, en toute humilité je fais un retour à ma terre. "Humilité" = humus, terre.