Archives départementales du Cher : cote M 7979

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Rapport sur le bombardement de La Chapelle-d’Angillon adressé par le Maire à Monsieur le Préfet du Cher I

Les victimes

Les victimes étaient nombreuses sur le champ de foire, aux abords du lavoir (une quinzaine de morts), du pont sur la Sauldre (une trentaine de morts) de la maison de Monsieur Lacord sur la route nationale 140 (une trentaine de morts).
Un service de santé en repli arriva dans la commune quelques instants après le bombardement et porta les premiers secours aux blessés épars dans toutes les rues, secondé avec dévouement par ce qui restait des habitants. Pendant la nuit, tous les blessés furent ramassés et eurent un premier pansement. Ils furent installés sur des brancards et des lits de camp dans les logements réquisitionnés par le Maire pour abriter les réfugiés, dans les salles de classes et dans quelques maisons particulières. Plus de 350 victimes, tant militaires que civiles, furent ainsi soignées.

Les blessés les plus graves commencèrent à être transportés dans la nuit du 18 au 19 juin par des ambulances militaires qui firent plusieurs tours dans la nuit, en direction de Bourges et Vierzon. Le 19 au matin, les blessés graves restant encore à évacuer furent transportés couchés dans des charrettes en direction de Vierzon. Après leur arrivée, les troupes allemandes s’occupèrent de transporter les derniers blessés en direction de Fontainebleau.
Il est assez difficile de préciser dans quels hôpitaux ont été soignés ces blessés, par la suite, il en a été retrouvé dans les hôpitaux du Centre, et notamment à Bourges, Vierzon, Mehun, Graçay, Chateauroux, Poitiers, Montargis, Fontainebleau etc… Leur nombre est également aussi difficile à préciser, beaucoup ayant été transportés en voiture sur le champ par leurs familles. Les cadavres furent relevés et identifiés le jeudi ; leur nombre est impossible à fixer exactement, certains ayant été affreusement déchiquetés. On peut le fixer de 120 à 130, moitié militaires, moitié civils, par lesquels cinq habitants de la Commune. D’après les renseignements recueillis et d’après les lettres concernant les disparus, reçues en Mairie, on peut penser qu’une forte proportion des blessés succomba des suites des suites de leurs blessures et on peut fixer entre 250 et 300 le nombre des victimes du bombardement. Les plaies les plus bénignes sont très longues à guérir et la plupart ne sont pas encore fermées.

Les victimes furent inhumées, une partie, les inconnus (soixante à 70 environ) dans une fosse ouverte dans le cimetière communal, les autres (55) dans une fosse ouverte dans un terrain appartenant à Monsieur le Baron de Laître et sise près de St Fiacre le cimetière communal étant trop petit. Le lieu choisi fut reconnu par la suite par le Conseil municipal, comme étant un des plus sains de la Commune.

L’inhumation des victimes a été faite par tous les hommes valides du pays et était terminée le 21 juin au soir. Plusieurs services religieux eurent lieu dans la journée du 21.
– La forte proportion d’inconnus parmi les victimes s’explique par le fait que le bombardement s’est produit à une heure où les réfugiés s’organisaient pour dîner ou pour la nuit et avaient quitté leur veste et s’étaient séparés de leurs bagages, si bien que lors du relèvement des cadavres, il était impossible de préciser quelle chose appartenait à telle victimes, plutôt qu’à telle autre.

Journal officiel 11 mars 1945

JO 11 mars 1945

Préfecture du cher
Commune de La Chapelle-d’Angillon
Création d’un cimetière pour l’inhumation des victimes de juin 1940

Acquisition de terrain

Arrêté du 29 juillet 1941

Le Préfet du Cher, Chevalier de la Légion d’Honneur, décoré de la Croix de Guerre.
Vu l’arrêté en date du 8 juin 1941 portant réquisition aux fins de création d’un nouveau cimetière d’une parcelle de terre appartenant à M. le baron de Laitre et cadastrée sous le n° 397 de la Section A de la commune de La Chapelle-d’Angillon.

Journal Officiel 11 mars 1945

JO 11 mars 1945

Décret du 10 mars 1945 autorisant et déclarant d’utilité publique la création d’un nouveau cimetière dans la commune de La Chapelle-d’Angillon (Cher).

Par décret en date du 10 mars 1945, a été autorisée et déclarée d’utilité publique la création d’un nouveau cimetière dans la commune de la Chapelle-d’Angillon, agissant au nom et pour le compte de la commune, a été autorisé à acquérir le terrain nécessaire à cette opération, repris au cadastre sous le n° 397/P, section A.

Rédigé par

Sam Burette

Histoire, Régionalisme, bibliophile