La Brevée Chandie – Livret n°4 – avril 2013
Les rédacteurs : Jean-Claude Berniot, Claire Périer-Frison, Marinette Rafesthain, Maryse Richardière
Pages 4 à 9
Souces : Robert Chaton et Henri Talbot La Borne et ses potiers
Michel Pigenet, Ouvriers, Paysans nous sommes
Claude Pennetier, Le socialisme dans le Cher de 1871 à 1921
Les bûcherons au XIXe siècle – I
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Le mouvement syndical connaît son apogée l’hiver 1893-1894. Début 1894, le mouvement syndical est devenu assez puissant pour dissuader par un simple déploiement de forces des ouvriers qui acceptent de travailler au-dessous du tarif syndical. Autrefois paternaliste, le procureur laisse percer son inquiétude devant les actions des bûcherons de Méry-ès-Bois :
« 300 ouvriers bûcherons, dont 80 de Méry-ès-Bois et les autres des communes voisines, se sont rendus à une coupe en exploitation et en ont fait plusieurs fois le tour, marchant en colonne serrée, sans toutefois exercer aucune violence ni faire aucune menace aux ouvriers qui continuaient à travailler. Cependant, ceux-ci, effrayés, abandonnèrent le chantier. »
Là, la lutte est encore payante, les marchands de bois doivent tenir compte des revendications, passant à 2 francs par jour. Toutefois, au sortir de l’hiver, la fermeté patronale généralisée, jointe à l’attitude moins compréhensive que par le passé de l’administration, déconcerte et décourage de nombreux bûcherons. Le 4ème congrès constate la régression, le 5ème ne comporte les représentants que de 25 sections, celui du 2 septembre 1884 arrête les tarifs pour les 14 sections suivantes : Archères, Allogney, Arpheuilles, Bigny-Vallenay, Brinay, Mareuil, Meillant, Méry-ès-Bois, Mornay-Berry, St-Baudel, St Eloy-de-Gy, St Martin, Sancergues et Uzay-le-Venon.
Le congrès du 28 avril 1895 se borne à vérifier les comptes, ce sera le dernier de la fédération départementale des bûcherons. Néanmoins, celle-ci n’est pas dissoute. Des 11 syndicats de bêucherons du département du Cher qui existent encore au 31 décembre 1897, avec 939 membres, trois ont maintenant leur adhésion effective à la fédération – Jussy-le-Chaudrier : 180 membres – Méry-ès-Bois : 60 membres et – Sancergues : 190 membres, soit près de la moitié des bûcherons syndiqués du département.
Pour tous ces travailleurs, le syndicalisme a été une vraie révolution, ils ont pu enfin être entendus, obtenir de meilleures conditions de travail et être mieux rémunérés.