La conscription au XIXe siècle
La conscription est institutionnalisée en France en 1798 à l’initiative du général Jourdan. De 1804 à 1903, les appelés sont convoqués pour connaître leur affectation à l’issue d’un tirage au sort. Dans un premier temps, le tirage au sort détermine qui part et qui ne part pas, les numéros les plus bas étant réputés « bons pour le service ». En 1872, la fonction du tirage est changée : les numéros les plus bas font un service de cinq ans, les autres d’un an seulement. En 1889, la durée du service est fixée pour tous à trois ans, les numéros servant désormais à déterminer l’arme d’affectation.
Conscrits classe 1895
Journal du Cher 29 janvier 1896
La Chapelle-d’Angillon – On nous écrit :
Une classe modèle !
Vendredi dernier a eu lieu à la Chapelle-d’Angillon le tirage au sort, et comme les années précédentes, l’entrain n’a cessé de régner pendant deux jours ; mais nous ne tenons pas tant à raconter tous les détails de la fête qu’à signaler un fait qui ne s’était jamais produit ici et qui constitue un excellent exemple :
Rompant avec une déplorable habitude, au lieu de déchirer leur drapeau pour en avoir chacun un fragment comme souvenir, les conscrits ont décidé tous ensemble d’en faire don à la commune.
Donc, samedi soir, après avoir parcouru une dernière fois les rue de La Chapelle, accompagnées d’une cinquantaine d’enfants de l’école, les conscrits se sont rendus chez l’honorable maire de la commune, M. Compoint, auquel ils ont remis une lettre ainsi conçue :
A.M. le Maire de La Chapelle-d’Angillon.
Monsieur le Maire,
Journal du Cher 29-01-1896
Les conscrits de la classe 1895, soussignés, ont l’honneur de déposer entre vos mains, à titre de don fait à la commune, le drapeau qui a servi à leur tirage, et comptent sur votre bienveillance pour vouloir bien le faire déposer en lieu sûr.
Ont signé : Blinet, Bouquin, Cassier, Diard, Testard et Vannier.
Absent, mais consentant, Thébault (Léon).
Pendant que M. le Maire prenait connaissance de cette lettre, les enfants, placés en rang par les conscrits et leur tambour en tête ont chanté plusieurs couplets de la Marseillaise.
M. le Maire, très touché de cette démarche, a remercié chaleureusement les conscrits et les enfants de l’école, puis a trinqué avec les premiers, en leur promettant d’accepter définitivement leur drapeau le lendemain du conseil, si on le lui remet en bon état ; et il en sera fait ainsi, nous l’espérons. Le maire a ajouté qu’à ce moment il les récompenserait de leur excellente idée.
On gardera le souvenir de cette classe qui commence à donner un si bel exemple ; nous espérons que, devenus soldats, nos conscrits continueront dans la voie du devoir.
Avant de terminer, nous adressons toutes nos félicitations à notre sympathique instituteur M. Sébault, pour le zèle qu’il apporte à inculquer dans l’âme de ses élèves l’amour de la Patrie, et nous engageons vivement les classes futures à suivre l’exemple que vient de leur donner la classe 1895.
Veuillez agréer, etc.
Egésippe Gaudry,
Conseiller municipal.
Étienne Pineau, membre du conceille généralle de la commune de La Chapelle d’Angillon, élu le 16/12/1792 pour dressé les actes destiné a constaté les naissances mariages et déces des citoyens. Le 07 janvier 1793, il enregistre pour son premier acte la naissance de Jean Baptiste Bureau, fils de Jean BUREAU mestre cordonnier et Marie Apart. Donc au vue du fond de la photo, cent ans plus tard, la cordonnerie existait toujours.
On se rend compte qu’à cette époque les futurs soldats étaient très motivés, pour eux il était normal de faire son service militaire.