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J’ai marché longtemps, longtemps su’la route
Sans penser qu’un jour faudrait aboutir…
Et v’là qu’aujourd’hui, j’la voués, qu’aile est toute
Entière darrié moi : l’chemin va finir !
Quoi don’qu’c’est, mon Dieu ! qu’la vie d’un pau’re !
Vingt ans… quarante ans… soixante… quatre-vingts…
C’est pas bin grand-chouse… c’est quasiment rin,
L’temps d’bouère un p’tit coup et d’croquer une poumme !
Y a des bon moments et de mauvais jours…
Pus de ch’lits que d’bons, du moins su’mon compte !
Ça va-t-et ça vint… ça descend, ça r’monte,
Mais c’est au p’us bas qu’on s’artrouve toujours…
Et… m’y v’là ! C’est drôle… on s’rend pas bin compte !
Ça vint : on a just’l’temps d’dire : « Déjà ! »
On voit jamais bin les ch’veux gris qu’on a…
Et quand qu’on les voit on a p’utôt honte…
Honte aussi des rides et du teint terreux,
Honte à cause des dents, honte à cause des pattes…
A cause du dos rond… à cause des fesses plates,
Honte de s’voir si laid et si malheureux…
Mais l’pire, c’est les nuits… à des foués qu’on pense
Qu’à la fin de l’année on s’ra p’t’ête parti…
Surtout si on n’a pas au cœur la consolance
De croire qu’au bout de c’te route que finit
Y’en a p’t’ête une aut’e, p’us belle, que commence !
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