

Edme, Marie, Boiché alias Gérald
Il est né le 6 août 1921 dans l’Ain, et vit à Paris avant de rejoindre le département du Cher
•Cantonnement : le Gué Berneau
•Chef du groupe Jacques Cœur (Maquis d’Ivoy)
Organisation de Résistance : Réseau Tolbiac, FFI du Cher-Nord (lieutenant)
Arrêté en septembre 1943, évadé, il va réussir une mission d’échanges de prisonniers le 26 août 1944.
Décédé le 25 avril 1995 – Bourges, à l’âge de 73 ans
F.F.I. Cher-Nord
Maquis d’Ivoy
26 août 1944
Appelé par le Lieutenant Bertrand, j’arrive au P.C., flanqué de mon fidèle Pilou, armé de son éternel fusil-mitrailleur. Guy et Vengeur, mes adjoints, assurent le commandement du Groupe Jacques-Cœur pendant mon absence. Quatre maquisards sont tassés à l’arrière de la traction.
Le Lieutenant Bertrand sort du P.C.. « En route, direction Gien, les Américains sont dans les faubourgs – mission d’établir le contact ».
Je prends le volant, route sur Aubigny. A l’entrée d’Argent, je laisse un fusil-mitrailleur et son servant ainsi que deux maquis armés de Stein, grenades et d’un bazooka.
Nous traversons Argent. Les quelques personnes qui nous regardent passer n’en croient pas leurs yeux. En effet, notre voiture, sur son aile gauche, un magnifique fanion aux couleurs nationales. Nous filons sur Gien. La voiture file bon train. Nos imaginations galopent. Ces Américains, comment sont-ils faits ? On va leur demander de nous appuyer avec leurs chars, leurs avions… Mais, déjà « l’instinct maquis » m’alerte, quelque chose ne tourne pas fond dans notre affaire. Je le sens et stoppe la voiture. La route est bordée de grands arbres, de chaque côté. On devine des ombres, derrière chaque tronc ; puis, rapidement nous sommes encerclés par des… noirs qui nous tiennent au bout de leurs carabines. Nous avons les mêmes armes.
Heureusement, le Lieutenant Bertrand parle anglais, discussion, Bourges, chars, colonne d’appui, etc…, etc…
Nous venons de vivre ce que nous espérions depuis si longtemps : l’arrivée des Américains, des troupes alliées. Enfin, nous n’étions plus seuls, isolés dans nos bois. Nous avions l’espoir. Maintenant c’est la certitude.
Nous avons hâte d’aller porter la bonne nouvelle au P.C. et de partager notre joie avec nos compagnons de combat. Malgré les conseils du Lieutenant Bertrand, je passe au plus court par Argent. A la sortie du virage, après l’église, nous nous trouvons face à une pièce anti-chars « fonce m’ordonne le Lieutenant Bertrand ». Titulaire d’un brevet de chef de section d’artillerie, je sais très bien aussi, par expérience sur le terrain en 1940, qu’à cette distance du tube, le pointeur-tireur dont la silhouette de notre véhicule s’inscrit à l’intersection des lignes de foi verticale et horizontale de son appareil de visée n’a pratiquement aucune chance de nous rater. Je lève le pied de l’accélérateur, débraye et vient m’arrêter, en douceur, à quelques mètres du groupe de soldats allemands. Alors, je n’en crois pas mes yeux et mes oreilles. Très à l’aise, le Lieutenant Bertrand s’approche de l’officier, le salue militairement et lui dit « Messieurs, les Forces Françaises de l’Intérieur encerclent la ville, l’armée américaine sera là dans quelques heures avec ses chars, nous vous demandons de vous rendre ». …/…
2 – Souvenirs d’Edmé Boiché – L’affaire d’Antoine de Vogüé alias lieutenant Bertrand
3 – Souvenirs d’Edmé Boiché – L’affaire d’Antoine de Vogüé alias lieutenant Bertrand