Lettres de mon maquis – E-book – PDF – Decitre

Le mérite de cet ouvrage, c’est de constituer un document humain – d’après des scènes vues et entendues dans la Résistance – qui nous persuade que le vrai peut quelquefois n’être point vraisemblable. Ce livre s’enrichit d’une préface du Professeur René Cassin, Membre de l’Institut, Prix Nobel de la paix, Compagnon de la Libération, et d’un avant-propos du Colonel Henri Romans-Petit, Chef des Maquis de l’Ain et du Haut Jura, Compagnon de la Libération.

Date de parution : 01/01/1975
 Editeur : FeniXX réédition numérique (Roblot)
 Collection : Cité première
 Format : ePub
 Nb. de pages : 289 pages
 EAN : 9782402147866
 ISBN : 2-402-14786-5


André IACQUELIN. un des premiers journalistes
répondre à « l’Appel » du 18 juin 1940. lancé de Londres par le général DE GAULLE. Il est aussi un des premiers à être arrêté sur l’ordre des autorités du gouvernement de Vichy.
Ecroué à la prison Saint-Paul à Lyon. sous le numéro 6789 le 5 octobre 1942, après avoir subi – pendant deux jours et une nuit – au siège même de la 10e Brigade Politique du 27, quai Perrache, de pénibles sévices de la part des policiers à la solde de PETAIN. C’est en bien
triste état physique, face aux cerbères aussi indignes qu’impitoyables – odieux acteurs
d’un sanglant ballet sans mesure – qu’André JACQUELIN fut traîné dans la cellule 56.

Il est libéré quelques temps plus tard par le Juge
d’Instruction BOREL, avant l’envahissement de
la zone – dite libre – par les troupes allemandes, en violation des clauses d’armistice. (Armistice qui, pour tous les Résistants, était considéré comme nul.)

Dès sa libération, il gagne les premiers maquis en formation dans l’Ain et le Haut-Jura, sous les ordres du colonel Henri ROMANS-PETIT.
Il décide également, et sans plus tarder, de créer le journal clandestin « BIR-HAKEIM» et cela malgré
d’innombrables graves dangers et d’invraisemblables difficultés, réalisant ainsi le rêve de ses longues nuits passées en cellule.
Journaliste libre, André JACQUELIN n’ayant jamais accepté de se soumettre aux notes d’orientation, pas plus qu’à la censure de l’occupant et du gouvernement de Vichy peut ainsi, et enfin, écrire en toute liberté et crier la vérité.

Par la suite, « BIR-HAKEIM» devait faire dire à Philippe HENRIOT à la radio de Vichy :
 » Le journal clandestin «RIR-HAKEIM» est trop bien fait, imprimé sur un trop beau papier. illustré de surcroit de nombreux clichés des opérations militaires ennemies, pour être fait en France. »

 » BIR-HAKEIM » devait également déchaîner les colères de Marcel DEAT, directeur de « L’Œuvre » ainsi que la publication de violents articles de Jean-Hérold PAQUIS de Georges SUAREZ, de Pierre CONSTANTINI, de Robert BRASILLACH, de Charles DIEUDÖNNE. etc. dans tous les grands quotidiens parisiens à la solde des Allemands.

C’est ainsi qu’en première page du journal « L’Appel», en date du 23 mars 1944 Jean-Hérold PAQUIS écrivait dans un article intitulé : « Lyon. Capitale de la Résistance les lignes suivantes :

« Depuis. de nouvelles découvertes ont été faites. C’est ainsi. paraît-il, qu’on a acquis la certitude que le journal gaulliste « BIRHAKEIM», que nous pensions édité à Lausanne par nos voisins suisses, est, en réalité, imprimé dans les ateliers d’un confrère lyonnais très républicain. »
« Bientôt, sans doute, on saura toute la vérité à ce sujet. Nous ne doutons pas que les véritables chefs, les financiers, les complices, si haut-placés soient-ils, seront démasqués et impitoyablement châtiés. »
« Car la France ne sou|frirait pas, une fois de plus. que les lampistes soient seuls à payer. »
Malgré toutes les recherches de la Gestapo et de la Milice de DARNAND. André JACQUELIN échappe miraculeusement aux grilles de Klaus BARBIE – chef de la Gestapo de Lyon – et de Paul TOUVIER – chef de la Milice lyonnaise.

Son journal clandestin « BIR-HAKEIM» compte, hélas. 21 martyrs. Le mérite de cet ouvrage, est de constituer un document humain – d’après des scènes vues et entendues dans la Résistance – qui nous persuade que le vrai peut quelquefois n’être point vraisemblable.
Ce livre s’enrichit d’une préface du Professeur René CASSIN, Membre de l’Institut, Prix Nobel de la Paix,
Compagnon de la Libération, et d’un avant-propos du Colonel Henri ROMANS-PETIT, Chef des Maquis de l’Ain et du Haut-Jura, Compagnon de la Libération.


Au maquis d’Ivoy-le-Pré
Le 15 août 1944 arrivait un couple discret :
La fille du président Doumer et son mari
Le Docteur Lemaire

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Nous pouvons rapporter aujourd’hui cette anecdote grâce à la mémoire d’un ancien camarade maquisard, l’un de nos sympathiques amis des Aix-d’Angillon.

Nous sommes le 15 août 1944 et, trois jours avant – le 12 – le général Kœnig a demandé aux médecins de rejoindre le maquis. La chose est déjà faite pour un certain nombre, d’ailleurs, qui partagent leurs activités entre leur habituelle clientèle et les soldats « sans uniforme ».

Parmi ceux qui entendent l’appel, on compte, bien sûr, des praticiens qui ne connaissent pas les lieux exacts où l’on peut contacter le maquis : ils doivent être guidés.

C’est ainsi qu’un jeune médecin angillonnais se voit confier un jour la conduite d’un curieux couple de petits vieux, charmants, quelques peu timides. Ils voyagent dans une petite voiture tirée par un petit cheval.

Du château de la Verrerie d’Oizon, le colonel Colomb donne l’ordre de les diriger vers le camp de triage de la « Baronnerie » près du Gué-de-la-Pierre Et leur guide les quitte de vue.

Ce n’est que beaucoup plus tard qu’il devait apprendre leurs identités. L’homme était le docteur Lemaire, médecin à Cosne-sur-Loire, qui avait été arrêté quelque temps avant par la Gestapo en compagnie de son épouse.

Cette dernière, Mme Lemaire, était la fille du Présient de la République Paul Doumer (assassiné lors d’une exposition du livre à Paris), dont les trois frères reposent à l’ossuaire de Navarin, près de Suippes…

Inconvénients inattendus de parachutes mal teints

Pour les besoins de la cause, les maquisards étaient devenus des hommes des bois. Ce n’était pas désagréable quand le temps était beau, mais il en était tout autrement quand les nuages montaient à l’horizon e que l’averse crépitait sur les feuilles de la forêt. Pour s’abriter, nos maquisards avaient construit des huttes de branchages dont le toit était évidemment assez perméable.

Aussi, après les premiers parachutages, les voilures des parachutes furent utilisées pour doubler le plafond des habitations sylvestres. Las ! ces parachutes étaient souvent teints de couleurs violentes (bleu, rouge-kaki : on en confectionna alors beaucoup de chemises), mais la teinture était de mauvaise qualité, à l’inverse de la toile qui, elle, résistait à tous les efforts.

Ce qui fait que, bien souvent – le matin notamment, lorsqu’il avait plu toute la nuit – les « soldats sans uniforme » se réveillaient et se contemplaient mutuellement avec un grande surprise.

Selon la couleur du parachute-abri, ils étaient devenus peau-rouge ou bien semblaient avoir été peints de bleu de méthylène, quand leur figure n’avait pas pris un curieux aspect jaune-terreur.

Et sur la peau, cette extraordinaire peinture tenait beaucoup mieux que sur l’étoffe !

C’était (encore) le moral des troupes

Il arrivait fréquemment que des officiers des Forces Françaises Libres soient parachutés sur les maquis de France. Notre région, pour sa part, devait en accueillir un certain contingent. Il y eut même, malheureusement, des accidents lors de ces parachutages. (Exemple : le capitaine Gosling qui fut soigné à l’hôpital clandestin de Parassy et que toute la région connut bientôt. Sa silhouette rendue étrange par son bras « en gouttière » ne passait pas inaperçue).
Généralement, les nouveaux venus sur la terre de France avaient suivi – nous allions écrire subi – un entraînement intensif avant d’être parachutés.
Cet entraînement portait en particulier sur la diététique. On leur avait dépeint la situation austère, cruciale, quasi ascétique régnant dans les maquis : peu de choses à manger, à peu près bien à boire, à part l’eau.
Ils s’étaient ainsi, peu à peu, habitués à vivre de vitamines, de nourriture extra-concentrée.
C’est dans ces conditions de forme qu’arriva, un beau soir, au maquis d’Ivoy-le-Pré, le lieutenant parachutiste « Luc » (Guy Legendre). Les conditions qu’il rencontra au sol devaient le surprendre agréablement. Le sympathique ami de Aix-d’Angillon, dont nous avons déjà parlé, avait pour mission de ravitailler les quatre groupes composant le maquis d’Ivoy-le-Pré et il s’y entendait fort bien.

Dès les premiers jours, le nouveau venu prit part aux rudes agapes des maquisards et s’en déclara extrêmement satisfait.
De plus, ayant remarqué que le premier groupe (groupe « Kléber ») possédait une charmante tradition, il demanda à rester dans son sein.
Ce qui l’avait séduit : une rustique table faite de rondins de vois sur laquelle était – également en permanence – remplie d’un excellent vin rouge du pays. Pas de verre alentour mais… des bois que chacun remplissait à « la source ». C’était démocratique, encourageant et très désaltérant.

Comme en « 14 », 30 ans plus tard, le pinard tenait son rôle bien connu : il était encore « le moral des troupes » !


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Rédigé par

Emmanuelle Toudert

École du Louvre. Guide touristique.
Licence des métiers de l'édition et des ressources documentaires.
Master Art-thérapeute.
Baptisée à La Chapelle-d'Angillon, le village de mes racines, en toute humilité je fais un retour à ma terre. "Humilité" = humus, terre.