Musée des Arts décoratifs – Dentelle point de France, travail à l’aiguille (époque Louis XIV)

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Une ville sans tradition dentellière dans une situation économique difficile, avec une main-d’œuvre peu qualifiée et peu nombreuse, avec un pouvoir local peu ou pas assez énergique n’était probablement pas le choix idéal pour la création d’une manufacture de dentelle à l’aiguille, la plus délicate à réaliser. Il ressort aussi de cette situation que tout roi absolu qu’était censé être Louis XIV, la province n’en faisait qu’à sa tête. La maxime de l’intendant Pomereu99 se vérifia sans doute : « Chacun fait le moins qu’il peut car l’intérêt commun n’est le bien de personne ».
Ensuite, il est resté longtemps dans cette province une tradition textile et de broderies dont celles qui ornaient les motifs des coiffes où on retrouve souvent du point à l’aiguille au cœur des fleurs, ainsi qu’une activité d’ateliers de lingerie.

Entourage de Nicolas de LARGILLIÈRE (1656-1746) Portrait d’Auguste-Robert de Pomereu, Président au Grand Conseil, 1670, Conseiller d’État Huile sur toile, rentoilée. Annoté en haut à droite. 79 x 63 cm

Projet de règlement pour la manufacture de dentelle de Bourges100

Ce projet devait être soumis sans doute à l’approbation des maîtresses dentellières et du conseil. Aucune information ne permet de savoir si ce règlement a été appliqué. Il n’est pas signé et retranscrit fidèlement, à noter que c’est le seul exemplaire connu à ce jour (voir annexe).

Règlement de la manufacure de Bourges. AM Bourges HH 20.
"Premier. Il faut avoir arrest du conseil par lequel il soit enjoint
A toutes les filles qui ont esté dans le bureau de la manufacture d'y
Retourner y travailler ou de prendre de la besogne dans le bureau avec
Deffense d'en faire pour d'autres ni de monstrer sous peine de prison,
2/ En cas qu'il se trouve quelques Points de France entre les mains des filles qui ont esté apprendre au bureau qui ne soit du bureau permis de le saisir de demeure confisqué au profit du bureau avec deffense auxdites filles de ne plus travailler ny de monstrer et aux marchands de vendre des passements qui ne soient de la manufacture ni de débiter des patrons fils et cordons et autres choses nécessaires pour lesdits ouvrages aux particuliers à peine de confiscation et d'amende arbitraire.
3/ que les maisons où il y a des filles ou au-dessus seront obligés d'en donner une à la manufacture à peine d'être saisie et emprisonnée.
4/ que les dames de la ville seront invitées d'aller de temps en temps visiter lesdites manufactures, 
5/ que les curés des paroisses exhortent tous les mois les personnes à y aller travailler."

99 Auguste-Robert de Pomereu (1630-1702).
100 BB 44 l’orthographe a été respectée A.M. Bourges.



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Rédigé par

Colette Guyon

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