Extrait du livre des dépenses réalisées pour la manufacture AM Bourges CC 44

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Le transport a été effectué par Jallereau et François Desbois pour 40 sols. Les travaux de cloisons furent effectués par François Brisset et Jean Bataille pour 128 livres 4 sols96.
Les ordres concernant ces dépenses ont été signés le 11 novembre 1666 et le 22 décembre 1666 ce qui permet de penser que les élus se sont montrés actifs puisque quelques mois seulement avaient suffi pour qu’ils organisent les travaux. Ce document permet d’évaluer à six le nombre des maîtresses dentellières qui sont venues à Bourges, mais contrairement aux ouvrières leur nom n’est pas indiqué. Le seul que nous connaissions émane du Mélange de Colbert97 indiquant qu’une dame Maressal ou Maréchal se serait occupée de la Manufacture, sans plus de détail. Les dépenses permettent également de connaître le prix des fournitures et d’établir un rapport avec le prix des collets que Mme La Perrière à Alençon vendait 20 000 livres à la même époque.
La manufacture s’installa et les débuts paraissaient prometteurs. Aucun renseignement nous est parvenu, mais rapidement comme partout le monopole de la manufacture ne fut pas respecté comme en témoigne dès la fin de l’année 1666, l’avis que le maire, le Chevalier Gougnon dut faire afficher en ville. Il émanait du chevalier Henry Lambert, Intendant de la Justice et Police de la généralité, renouvelant aux marchands la défense de fabriquer ou vendre d’autres Points que ceux de la manufacture. En 1667, il fit à nouveau afficher un autre avis visant à faire respecter les arrêts royaux de 1665 d’octobre 1666 et du 2 novembre 1667 :

"De PAR LE ROY et de messieurs les Maires et Eschevins de la ville de Bourges : ordonne et ordonnons… que tous les marchands de cette ville et Faux-Bourgs qui se trouveront à y avoir contrevenu, vendans et débitants desdits Points de fil autres que ceux fabriqués dans lesdites Manufactures : Que les filles et ouvrières desdits Points de France qui ont quitté les Manufactures seront assignés devant nous pour voir déclarer les peines portées n'avoir entendu reseruer lesdits édits, déclarations et arrêts du Conseil contre chacun d'eux…". Les échevins ajoutaient : "les entrepreneurs des Points de France vous pourront dire que notre retour a rétabli le relâchement qui s'y était glissé et comme nous avons fait saisir les ouvrages… et ensuite rendu l'ordonnance dont nous vous envoyons copie, laquelle si elle n'est pas suffisante, nous croyons bien qu'il faudra encore un arrêt du conseil… après quoi Monseigneur, nous espérons que tout ira bien…"
L’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye est une ordonnance royale promulguée par Louis XIV en 1667, la première du Code Louis. Cette ordonnance comporte 513 articles.

Les directeurs des manufactures n’obtenant toujours pas le respect du privilège accordé par le roi lui adressèrent leurs plaintes et il signa en 1668 un arrêt du 30 janvier à Saint-Germain-en-Laye, renouvelant les précédentes interdictions. Les dispositions royales prévoyaient pourtant des exceptions aux interdictions puisque les ouvrières instruites dans les manufactures pouvaient travailler chez elles comme le rappelle le paragraphe suivant de l’Edit initial de 1665 :

"…ils ne pourront empescher les ouvrières qui travaillent aux dentelles, passements et guipures de continuer leurs ouvrages en leur manière accoutumée, sans toutefois que lesdites ouvrières puissent s'entremettre en ladite manufacture desdits ouvrages de Poinct de France".

Mais ces principes ne furent pas respectés et l’interdiction était devenue totale sous la pression des directeurs.


96 CC44 AM Bourges.
97 BNF 146 folio 23.



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Rédigé par

Colette Guyon

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